A l’époque  du numérique, les universités françaises se lancent dans une nouvelle forme d'enseignement qui devrait bouleverser les modes d’acquisition des connaissances.

Les cours en amphi, s'ils ne disparaîtront pas puisque sont prévus regroupements et discussions de groupes, seront de moins en moins nombreux.

Les cours en ligne ouverts et « de masse » (ceci ne mettant pas en cause leur qualité) sont bien sûr arrivés en premier lieu des USA  (d’où leur appellation : « MOOC » en anglais adapté en « CLOM » en français) ; ils font désormais leur entrée en France qui ne pouvait pas rester en dehors de ce mouvement compte tenu du besoin de maintenir le rang et le rayonnement  de l’Université française, notamment au plan international.

Ce nouveau concept doit permettre également d’élargir la base de la population étudiante (à tous âges en activité ou non) et de mieux gérer les parcours.

 Il s'agit de cours dispensés gratuitement sur Internet par les meilleurs établissements et mis à la disposition de toute personne qui veut apprendre à travers le monde.

Aujourd'hui, n'importe quel étudiant peut s'inscrire à l'un des nombreux MOOC de Harvard, Stanford ou du MIT.

L’ouverture en France dans le cadre du projet « Fun »

Geneviève Fioraso, la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, a ainsi lancé, le 2 octobre, France université numérique (FUN).

FUN doit proposer une plateforme, mise en place par l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) devant  permettre le développement de nouveaux services numériques pour les étudiants.

Le déploiement à grande échelle des MOOC devrait intervenir janvier 2014.

La nouvelle phase de développement de l’E éducation.

Si les quelques initiatives privées ou publiques de « e-learning » lancées au moins voici déjà une dizaine d’années n’ont pas connu,pour diverses raisons,le succès escompté, les prévisionnistes  le prédisent : les cinq prochaines années seront marquées par l’explosion sur  le marché mondial de l'e-éducation. L'enjeu est énorme : il s'agit non seulement de révolutionner la transmission des savoirs, mais aussi d'éviter qu'elle ne soit aux mains de quelques entités.

L'objectif de ce plan université numérique : faire en sorte que chaque étudiant ait accès à des cours en ligne d'ici cinq ans et pouvoir obtenir à terme une certification et, si possible et souhaité, un diplôme. C'est aussi l'un des enjeux de l'enseignement à distance.

La France doit rattraper son retard

Alors qu'aux Etats-Unis 80 % des établissements disposent de cours en ligne, ils sont moins de 3 % en France.

En Europe, le Royaume-Uni et l'Espagne ont créé des universités totalement virtuelles délivrant d’ores et déjà des diplômes.

 Le Royaume-Uni doit par ailleurs lancer sa plateforme FutureLearn. L'Allemagne doit en faire autant avec Iversity.

En France, l'initiative du ministère de l'enseignement supérieur marque un tournant. Jusqu'ici, s'il existait un réseau pour relier universités et laboratoires de recherche (Renater, créé en 1993), rien n'avait été fait quant aux  contenus. Chacun travaillait dans son coin.

Mais, le souligne Mme Fioraso «S’il faut laisser de la place aux initiatives, il faut quand même que l'on ait une vision de ce qu'est l'université numérique en France ».

Ainsi, FUN aidera à définir ce que peuvent être des cours et des validations en ligne, à les mettre en place, à mieux faire connaître les bonnes pratiques des établissements.

 Pour la Ministre « l’'idée, est vraiment d'encourager les initiatives et qu'elles soient reliées sur la même plateforme », ceci en toute liberté et respect de l’autonomie des Universités.

Depuis quelques mois, un nouveau MOOC est lancé presque chaque jour. Une dizaine d'établissements, des écoles – Centrale, Mines Télécom, Polytechnique –, mais aussi des universités – Bordeaux-III, Montpellier-II, Paris-X, Paris-II – développent des cours dans de nombreuses matières : histoire, mathématiques, santé, philosophie, droit…

Le plan de développement prévu se décline en dix-huit actions(2), les MOOC devant servir à la fois à faciliter la mise en place d'aide à l'orientation des lycéens et des étudiants et à la réussite en premier cycle grâce à une pédagogie différente. 

Ouverture des inscriptions

Dès ce 28 octobre, les internautes peuvent s’inscrire pour suivre des cours de mathématiques, d’histoire, de droit et autres disciplines  conçus par une dizaine d'établissements, parmi lesquels HEC, Polytechnique, Centrale Paris ou encore les universités Bordeaux-3, Montpellier-2 ou Sorbonne Paris Cité.

Une vingtaine de cours démarreront en janvier.

Le vice-président de la Conférence des présidents d’université (CPU) en charge du numérique, François Germinet, envisage 300 MOOCS d’ici  trois ans. Ils seront, selon la ministre, l'occasion de« réduire drastiquement le nombre de cours en amphi en première année, mais pas le nombre d’enseignants ».

«">On pourra enregistrer toutes les interactions des étudiants et donc voir à quel moment du cours ils décrochent, ce qui permettra aux universités de s’améliorer », précise François Taddei du Centre de recherche interdisciplinaire (CRI).

Après la mort des « mandarins », la fin des professeurs et maître de conférences ?

Certes pas,… ainsi le professeur, devrait désormais passer par contre d'une attitude de « Maître », rivé à son estrade, à celle de « moniteur » aux côtés des étudiants. Accompagnement plus personnalisé, cours interactifs, tutorat en ligne…

 Ainsi, dans le cadre de la mise en place des Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation (ESPE), les nouveaux professeurs devront être formés "au" et "par" le numérique.

Un mouvement est en marche, souhaitons qu’il ne soit pas entravé par de nouvelles lourdeurs administratives !

(1) Outre-Atlantique, deux plateformes, Coursera et EdX, fondées par deux professeurs d'informatique de Stanford et par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Harvard, ont investi 43 millions et 60 millions de dollars dans le développement des outils et des contenus. Aujourd'hui, plus de trois millions d'étudiants peuvent suivre les cours des plus prestigieuses universités : Stanford, Harvard, MIT…

(2) L'une des dix-huit actions consistera d'ailleurs à reconnaître et valoriser, dans l'évolution de carrière des enseignants-chercheurs, leur investissement pour intégrer le numérique dans leurs pratiques pédagogiques. Il s’agit là d’un bouleversement énorme, sachant qu'aujourd'hui la carrière d'un enseignant-chercheur est davantage influencée par ses activités de recherche que par la reconnaissance de son activité d'enseignement.