Le cloud compute, qui constitue le cœur de l'offre d'un cloud builder, est toujours en instance de lancement chez Cloud watt.

Selon la presse économique, le ministère de l'Economie aurait mandaté ses services pour auditer le cloud souverain Cloudwatt.

Un des deux « clouds » financé en partie par l'Etat ferait l’objet de toutes les attentions de la part du ministère de l'Economie : les services auraient déclenché un audit sur Cloudwatt.

Le Ministère est inquiet sur l’utilisation des deniers publics investis dans ce projet.

On rappellera (voir notre article du 21/01/2013) que cette société a été créée en septembre 2012 ; la répartition du capital est de 44,4% pour Orange, 22,2% pour Thalès et 33,3% pour la Caisse des Dépôts c’est-à-dire des fonds publics.

La concurrence de l’autre français, Numergy

Depuis le lancement du projet début 2013, les équipes du fournisseur de cloud ont travaillé pour construire leur architecture autour de la solution OpenStack et lancé avec difficulté une plateforme de stockage, ainsi qu'une ébauche de cloud compute.

Des campagnes de publicité ont été lancées y compris sur des chaines télé « grand public » avec la participation de Teddy Rinner !

Dans le même temps, le concurrent Numergy en misant sur l'infrastructure cloud - base VMware - développée par HP pour SFR a bien avancé :

Il commercialise déjà ses offres et engrange déjà ses premiers contrats.

Pour couronner le tout, le PDG de Cloudwatt Patrick Starck a annoncé son départ dans les prochains mois. Patrick Starck va abandonner la direction de Cloudwatt. Les remplaçants ne semblent pas se bousculer compte tenu des difficultés mises en évidence.

Pour la petite histoire, on rappellera le lancement en catastrophe des deux fournisseurs de cloud souverain avant l'élection présidentielle de mai 2012.

Financé autour de 285 millions d'euros, le projet Andromède, porté par l'État, Orange, Thalès et Dassault Systèmes affichait l’ambition de concurrencer les principaux clouds publics d'origine américaine, IBM, HP, Microsoft, Amazon Web Services ou Rackspace.

La Caisse des Dépôts devait investir 135 millions d'euros, France Telecom et Thalès 60 millions chacun et Dassault Systèmes 30 millions.

Après le retrait de Dassault Systèmes en avril 2012, le projet était remis en cause après la décision du Comité du fonds pour la société numérique et du commissaire général à l'investissement, René Ricol, de financer deux projets de clouds plutôt qu'un seul.

Après plusieurs mois de valse-hésitation, les deux projets de clouds souverains français cofinancés par l'État ont été lancés début septembre 2012 avec le concours du Fonds National de Sécurité Numérique (FSN), avec, d'une part  SFR-Bull (Numergy) et d’autre part Orange-Thalès (Cloudwatt).

Chez Cloud watt, on prend son temps !

Si Numergy a pu démarrer rapidement en reprenant l'infrastructure cloud sur base VMware développée par HP pour SFR, Cloudwatt a connu de sérieux problèmes au départ avec le choix de partir sur la plate-forme OpenStack :

Cloudwatt s'est borné à lancer une modeste plate-forme de stockage en ligne au printemps 2013 alors que tous les clients attendaient un cloud compute.

En juin 2013, le PDG Patrick Stark indiquait que le projet ne se résumait pas à une question de timing : «Pour se développer dans un marché de cloud public qui est en train de s'ouvrir et de démarrer, il faut une infrastructure complète, des solutions et prendre le temps de les développer ».

Les retards dans la mise en service du Datacenter de Val de Reuil (où sont hébergés les deux pods de Cloudwatt) et dans les choix techniques n'ont pas aidé Cloud watt à occuper le terrain commercial.

Dans ces conditions, les dérives commencent à inquiéter les pouvoirs publics. S’agit-il d’un domaine où les intérêts publics ont du mal à affronter les enjeux techniques et commerciaux ? Dans le passé on a vu pourtant mener à bien des projets technologiques plus ambitieux !