La e santé et les objets connectés. Une nouvelle révolution numérique.

En effet, avec la mise au point de ces capteurs très spécifiques nous sommes loin des gadgets jusqu’ici proposés dans le domaine des objets connectés.

La mesure de glycémie numérisée 

Depuis quelques années déjà, les chercheurs de par le monde s’intéressent activement au problème de la mesure de la glycémie et du contrôle du diabète.

Les lecteurs de glycémie actuels restent des « mesureurs » classiques même si la tendance actuelle est au développement de lecteurs qui deviennent « intelligents » : La plupart ont désormais une mémoire accompagnée d’un horodatage. Ils donnent ainsi une moyenne des résultats des semaines précédentes. On peut ainsi rappeler les derniers résultats. Certains lecteurs peuvent désormais être connectés à un ordinateur ou à un smartphone qui génère des représentations graphiques, utiles pour le soignant et les patients « branchés ». Toutefois les améliorations sont encore ici « à la marge »

En 2008, une équipe de l’université Baylor au Texas avait annoncé la fabrication d’un instrument de mesure de la glycémie par ondes électromagnétiques.

Plus récemment, des ingénieurs de l’université Brown (États-Unis) ont mis au point une micro puce expérimentale capable de détecter les taux de glucose directement dans la salive. Cependant, ces  innovations technologiques n’ont pas encore été suivies d’applications pratiques pour le grand public.

ð Des lentilles intelligentes pour diabétiques

Les choses pourraient évoluer plus rapidement grâce aux moyens mis en œuvre par Google qui s’intéresse de plus en plus au domaine de la santé.

Le Google X Lab, un laboratoire où Google conçoit ses projets les plus originaux, vient d’annoncer la mise en fabrication expérimentales de lentilles de contact capables de calculer le taux de sucre dans les larmes ce qui est potentiellement moins contraignant pour le patient que les traditionnelles piqures au doigt avec une gouttelette  prélevée destinée à être déposée sur la fine « bandelette » du lecteur  .

Les deux scientifiques à l’origine de ce projet, Brian Otis et Babak Parviz, en ont présenté la teneur sur le blog de Google :

Ces lentilles de contact perfectionnées sont formées de deux couches entre lesquelles sont enfermées une petite puce connectée et un capteur de glucose miniaturisés.

Ces appareils oculaires peuvent ainsi mesurer la quantité de glucose présente dans les larmes à chaque seconde etprévenir leurs utilisateurs en cas d’hyperglycémie.

Des tests cliniques ont été effectués et des discussions sont en cours avec la Food and Drug administration (FDA), l’agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux.

Bien plus fort : les chercheurs  étudient maintenant la possibilité d’intégrer des signaux lumineux dans la lentille de contact afin de prévenir facilement les utilisateurs lorsque le seuil de glucose est dépassé. « Nous espérons que cette invention pourra un jour aider les diabétiques à vivre plus confortablement », expliquent-ils sur le blog.

Les recherches se poursuivent  mais aucune date de commercialisation n’est pour l’heure encore fixée.

ð Le développement des méthodes d’auto analyse et de gestion des données personnelles en matière de santé :

-         Même si cette innovation reste très spécifique et exceptionnelle et quelque sorte inclassable dans le monde des applications numériques (« objets connectés »)  de par son caractère hautement scientifique, cette technologie peut être rattachée au domaine de la e santé (1)  et notamment au « sous-domaine » des objets connectés pour la santé (mesure des données physiologiques relatives au suivi de la santé et de la « forme » à partir de divers capteurs sous forme de bracelets, ceintures, bandeaux et autres équipements personnels qui restent encore à l’heure actuels plutôt  du domaine des gadgets malheureusement  sensibles aux phénomènes de mode…)

-         Mais elle relève également par ailleurs d’une tendance visant à permettant à chaque personne de mesurer ses données personnelles, de les analyser et de les partager. (En l’occurrence ici avec le corps médical).  

Cette tendance ou mouvement est appelée le  Quantified Self.

Le Quantified Self est un mouvement qui regroupe à la fois  les outils, les principes et les méthodes :

Les outils du Quantified Self peuvent être des capteurs, des applications mobiles ou des applications Web.

Ce mouvement a été lancé en 2007  en Californie par deux éditeurs du magazine Wired sous la forme de rencontres entre les utilisateurs et les fabricants des outils dédiés au suivi de ses données personnelles.

 En France, dès 2000, des équipes françaises ont créé le site automesure pour exposer le thème des techniques d'auto mesure des paramètres de santé dans un but médicalisé, mais aussi le développer dans la pratique médicale courante et la recherche.

En mai 2013, le site de presse en ligne 20minutes.fr lance : «  Se Coacher », le premier magazine en ligne en français entièrement dédié au Quantified Self (avec toutefois des objectifs commerciaux sous-jacents).

Pour justifier son utilité  le site  souligne « Pour un nombre croissant d’internautes et de possesseurs de smartphone, la e-santé est devenue une réalité. Rien que sur les stores français, il existerait 750 applications santé différentes.

« Une récente étude estimait par ailleurs en 2013 à 7 millions le nombre de Français de plus de 18 ans s’informant sur leur santé à partir d’un smartphone et/ou d’une tablette. 22% d’entre eux auraient déjà téléchargé au moins une application en rapport avec la santé ».

(1)             A l'occasion d'une table ronde organisée à Lyon sur l'« Internet de demain », Christian Nibourel, président d'Accenture France et à la tête du conseil d'administration de l'INSA (Institut National des Sciences Appliquées), a évoqué le secteur de l'e-santé. Selon lui, la France reste inerte et ne sait pas s'adapter correctement au monde des nouvelles technologies.

« Le domaine global de la santé représente 240 milliards d'euros en France à la charge de l’Etat ; 2 à 3 milliards sont spécialement consacrés au domaine de l'e-santé et doivent permettre à la France de démontrer ses capacités en la matière ».

Selon M. Nibourel, qui tient également le rôle chef de projet au sein de l'initiative « Plan Hôpital Numérique », « plusieurs enjeux sont à prendre en compte et notamment la qualité des soins qui passe par la collaboration entre les différents médecins ».

Dans ce domaine la fluidité de l’échange d’informations numériques entre praticiens ou établissements de soins doit être assurée notamment grâce aux nouveaux outils numériques. Le rôle actif du patient dans ces échanges ne doit pas être négligé.