Objets connectés : la CNIL surveille les données de « quantified self » pour éviter le « profilage » des individus à des fins autres que médicales.

Frédéric Hourdeau

News

le 18/08/2014 à 22h20

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Dans ses « Cahiers Innovation et Prospective », de juin  la CNIL consacre un dossier à la «m-santé, ou santé mobile, et à la gestion des données issues du « quantified self », tendance consistant à surveiller en permanence sa bonne santé à partir de mesures en continu.

Dans le cadre de la protection des données personnelles, le rapport de la CNIL analyse ainsi les enjeux liés à l’apparition des objets connectés qui constituent l’instrumentation de base de ces nouvelles pratiques.

La CNIL propose également des axes de réglementation dans ce domaine.

L’engouement d’outils comme les bracelets connectés ou les balances connectés est renforcé par le lancement quasi simultané de plateformes de santé mobile par Apple avec HealthKit et Samsung avec SAMI.

L’objectif poursuivi par ces deux géants  du numérique est le même : centraliser les données de santé  recueillies par les applications mobiles au sein d’une base unique afin d’en permettre l’utilisation sur le modèle du Big Data.

On touche ici un domaine sensible compte tenu de la nécessaire confidentialité des données mais du fait que celles-ci présentent, par ailleurs, une sensibilité toute particulière si des sociétés commerciales s’en emparent pour modifier le prix de leurs services en fonction du niveau de santé mesuré.

Ainsi, l’assureur français Axa a lancé (a quelles fins ? mais pour l’instant les intentions semblent louables !) une expérimentation qui consiste à offrir des bracelets Withings Pulse O2 à 1000 clients en l’échange du partage de leurs données de santé. Ceux-ci se voient offrir des chèques cadeaux… s’ils effectuent …entre 7.000 et 10.000 pas quotidiens ! ...pour respecter les règles d’hygiène de vie fixées par l’OMS.

Le cadre juridique de l’internet des objets :

Se trouve ainsi posée la question du cadre juridique de la responsabilité dans le cadre du partage automatisé des données.

Dans son numéro 2 des « Cahiers Innovation et Prospective » au sujet du des objets connectés, la CNIL propose une analyse de l’impact potentiel de ces nouvelles pratiques sur la vie privée et les libertés individuelles.

Si les applications de « Quantified Self » concernent majoritairement les domaines du bien-être et du sport, elles permettent également la mesure de réelles constantes à valeur médicale : cela pose de nouvelles questions éthiques sur le stockage, la conservation et le partage des données recueillies.

Les recommandations de la CNIL :

Aussi, La Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL) propose les recommandations suivantes :

•        utiliser, si possible, un pseudonyme pour partager les données

•        ne pas automatiser le partage des données vers d’autres services (notamment en direction des réseaux sociaux)

•        ne publier les données que vers des cercles de confiance

•        effacer ou de récupérer les données lorsqu’un service n’est plus utilisé.

 

ð La CNIL met également en garde les utilisateurs sur la prolifération de leurs données via les réseaux sociaux

 

ð  Elle rappelle que la frontière est ténue entre le simple suivi de son bien-être et le domaine médical : si une donnée isolée peut sembler anodine pour un utilisateur au moment où il la partage, elle peut receler beaucoup d’informations pour un spécialiste qui pourrait en faire la compilation et utiliser ainsi les informations recueillies au fil du temps à des fins de « ciblage » ou de « profilage».