Une nouvelle surprenante pour ceux qui en étaient restés aux « bisbilles » et échanges de mots aigres-doux entre Martin Bouygues et Xavier Niel ! Mais les affaires sont les affaires ! Nouvel épisode du jeu de Monopoly « téléphonique »: On apprend ainsi avec surprise que Bouygues Telecom est en négociations exclusives pour céder l'intégralité de son réseau mobile à Free.

Le montant de cette transaction  porterait  sur  15 000 antennes et un portefeuille de fréquences, dont une partie pour la 4G.

Ceci pourrait représenter  1,8 milliard d'euros.

Cet accord, qui ne manquerait pas de transformer  complétement le paysage français de la téléphonie mobile, est conditionné au fait que Bouygues acquière SFR qui, on le sait, est mis en vente par Vivendi.

Ceci donnerait finalement à Bouygues un avantage sérieux face à son concurrent et également candidat à la reprise de SFR, Numéricable, filiale de la société Altice.

Un réseau de trop ? Mais  c’est l’autorité de la concurrence de trancher.

Selon le PDG de Bouygues Telecom, cette cession du réseau  permettrait de lever l’objection susceptible d’être formulée par l'Autorité de la concurrence et qui pesait sur le projet de fusion.

En cas de fusion avec SFR, précise le PDG de Bouygues « nous aurions un réseau de trop. Désormais il y a un acheteur qui va recréer une dynamique concurrentielle. Cette solution devrait faciliter le mariage avec SFR et rassurer Vivendi »

L'Autorité de la concurrence devrait donc  examiner le dossier et, si tout se passe bien, aux dire des représentants de Bouygues,les migrations de réseau et d'abonnés devraient t se dérouler  au cours de 2015.

Côté Emploi, Bouygues souligne que l’accord « devrait  permettre  aussi de garantir l'emploi de l'ensemble de la filière télécom en France avec le maintien de trois réseaux ».

En effet, «Free souhaite entretenir le réseau avec ses propres agents, souligne le PDG de Bouygues Telecom.

Par ailleurs il ajoute : «Nous voulons garder nos 1 200 salariés qui y sont affectés. Notre réseau ne sera pas détruit. Au contraire, Free fera vivre les 15 000 antennes qui seront devenues les siennes. »

L’enjeu des relais

Cette fusion et cet accord devrait modifier complétement le paysage de la téléphonie mobile française partagé  actuellement entre quatre acteurs.

 Le numéro 1, Orange a aujourd'hui 27 millions de clients mobiles,

SFR : 21 millions,

Bouygues Telecom : 11 millions

Free : seulement 7,4 millions.

De plus Free avait  un réseau de relais peu développé ; pour la 3G il s’appuie sur un contrat d'itinérance avec Orange, mais pas pour la 4G.

Bouygues de son côté annonce par monts et par vaux qu’il a le meilleur réseau 4G grâce à l'autorisation qui lui a permis d'utiliser cette technologie sur une bande de fréquence qu'il exploitait déjà.

Ceci lui donnait ainsi une longueur d'avance en termes de couverture.

La baisse des coûts. Pour qui ?

L’accord annoncé devrait permettre à Bouygues et Free d'abaisser leurs coûts  selon le PDG de Bouygues.

Ce dernier garantit par ailleurs que l’accord ne devrait pas mettre fin à la guerre des prix que se livrent les opérateurs dans le mobile à l'initiative de Free,  puis plus récemment dans l’Internet, à l'initiative cette fois de Bouygues.

Le point de vue gouvernemental

Le ministre du redressement productif, Arnaud Montebourg, annonce sa préférence pour un retour à trois opérateurs dans le secteur de la téléphonie mobile :

« Si on revient à trois, on est plus fort que si on subsiste à quatre....La concurrence par la destruction s'arrêtera si nous revenons à trois opérateurs mobiles tout en maintenant des prix bas. Elle ne s'arrêtera pas si Numéricâble conquiert SFR puisque la concurrence restera à quatre dans le mobile. Et au final, soit Free soit Bouygues, sera à ramasser à la petite cuillère avec des milliers d'emplois perdus» déclare-t-il au Journal Le Parisien.

Tout cela laisse songeur… Certes nous avons besoin d’opérateurs forts pour faire face aux enjeux à venir (4G, 5G…).

Mais, le gouvernement n’est -il pas, par ailleurs, inquiet de la dégradation des marges , notamment celles  d’Orange qui reste encore dans le giron de l’état, et des dividendes en forte baisse chez ce dernier, ce qui vient encore réduire les ressources d’un budget en bien mauvaise posture.

Si « tout le monde est d’accord » cela s’applique-t-il aux consommateurs qui risquent de voir « s’inverser la courbe » de la baisse des prix ?

Quant aux salariés, malgré toutes les assurances, les inquiétudes sont grandes.