Avec 267 000 collaborateurs, La Poste est le quatrième employeur de France.

En deux décennies avec l’arrivée des nouvelles  technologies de l’information et des communications, dont internet, le mobile, les réseaux sociaux …, le paysage et le profil des utilisateurs potentiels ont profondément changé.

Face à la chute  inéluctable de la distribution du courrier, l'entreprise publique a engagé une réflexion stratégique sur les services que pourraient assurer demain ses 90 000 agents , nos traditionnels « facteurs ».

Ceci montre à quel point des évolutions radicales sont susceptibles d’intervenir face aux évolutions structurelles des « marchés » confrontés aux évolutions technologiques et aux attentes des acteurs, particuliers et entreprises.

Rien ne peut désormais rester définitivement figé et, en dépit de certaines résistances, il apparait évident que des adaptations sont nécessaires tout en conservant la volonté de maintenir, au moins dans certains domaines, la notion de service public.

D’ailleurs des efforts importants et des adaptations importantes ont d’ores et déjà été réalisés même si tout est loin d’être parfait au niveau des bureaux  (qui ont dû s’adapter à la diversification des offres) et des services de distribution.

Opération « Digishoot »

Dans le cadre d’un nouveau projet, La Poste s'apprête désormais  à lancer, à titre expérimental, à la rentrée, dans le département de Seine-et-Marne, un projet baptisé "Digishoot".

Ce nom est tiré d'une application développée pour les Smartphones.

Des postiers transformés en auxiliaires des compagnies d’assurance ?

Equipés d'un Smartphone et au fil de leurs tournées, les facteurs pourraient prendre des photos (horodatées, géo localisées et certifiées) d'une voiture accidentée ou d'un dégât des eaux au domicile des particuliers .Ils recueilleront également  la déclaration de sinistre de l'assuré.

Plusieurs assureurs sont partants pour se lancer dans  cette expérience.

Il semblerait que ce soit  le groupe mutualiste MMA  qui est le plus avancé dans la mise en œuvre de ce projet.

La Poste et les compagnies d’assurance impliquées misent sur le capital sympathie et la proximité  (sous réserve de mettre fin à une certaine dépersonnalisation et à un turn-over important dans les grandes agglomérations !) dont bénéficient les agents des postes.

La modernisation générale des services

Le projet Digishoot n'est qu’un des éléments d'un plan stratégique bien plus vaste, qui doit permettant  à La Poste de bâtir son futur modèle économique.

Le courrier classique est en forte baisse et ce volet ne représente plus un marché d’avenir.

A l'horizon de 2018, l’entreprise postale devrait se recentrer  sur les services bancaires et les services de proximité "émergents".

Le recours aux TIC

La Poste mise désormais sur la numérisation de la société et des services.

Ainsi, La Poste a décidé de doter ses facteurs d'un téléphone portable multi-applications, dans le cadre du plan "Facteo : 9 400 facteurs sont déjà pourvus de Smartphones qu'ils peuvent utiliser à des fins professionnelles (recueil des accusés de réception avec signature électronique, organisation de la tournée, gestion des réexpéditions de courrier etc.).

Ils peuvent également l’utiliser à des fins personnelles (avec un plafond de consommation), afin de mieux se les approprier.

La totalité  des agents devrait être  équipée fin 2015, au plus tard

Par ailleurs, La Poste vise à assurer la transition de la plupart de ses services classiques du papier au numérique. Elle réfléchit à développer surtout de nouveaux services émergents ou non couverts.

Dans le cadre de missions de service public, un service étendu aux collectivités locales.

Digishoot pourrait être étendu à d'autres usages, par exemple au bénéfice des collectivités locales comme par exemple servir repérer des détérioration de la voirie ou du mobilier urbain sur la voirie en adressant des  photos aux mairies ou  conseils généraux chargés de l'entretien de la voirie communale ou départementale afin d’économiser les déplacements des agents publics concernés.

Les autres pistes de diversification concernent le "flashage" de documents administratifs.

Dans le domaine privé, les « facteurs »  pourraient assurer des services autour de la maison connectée (surveillance à distance des habitations, téléassistance auprès des personnes âgées…)

Un «bouquet de service » reposant sur une plate-forme informatique.

Partant du principe que La Poste est la «seule entreprise à passer devant tous les foyers de France six jours sur sept sur tout le territoire », la Direction de La Poste considère qu’elle dispose avec son réseau et son organisation de terrain d'un atout fabuleux, qu'elle doit valoriser « afin de s'inscrire dans la révolution numérique »

L'ambition de La Poste est de construire à terme une plate-forme informatique de services à laquelle  pourraient se connecter d'autres administrations ou prestataires de services, assureurs, entreprises, collectivités.

« Il s'agit d'inventer le premier réseau de proximité physique et digitale, le premier réseau 2.0. » souligne-t-on.

Un appel d'offres a été lancé pour tester la faisabilité et la viabilité  du projet, auquel ont d’ores et déjà  répondu des assureurs, des opérateurs télécoms et des industriels. 

La transformation tentée par La Poste est loin d’être acquise.

Elle doit pourtant s’y atteler car le fameux «service universel » oblige La Poste à distribuer le courrier six jours sur sept sur tout le territoire, sans distinction de prix : cela nécessite de mobiliser 90 000 facteurs. Autant les consacrer à des tâches adaptées aux nouvelles attentes, valorisantes et rentables.

Des besoins en nouveaux services existent, il faut établir un « business model» attirant pour les «usagers », les partenaires économiques publics ou privés prêts à assurer les financements de départs ou  à offrir des marchés, mais aussi des collaborateurs jeunes et de mieux en mieux formés et en attente de nouvelles perspectives.

Un véritable pari dans le cadre du renouvellement général des missions de Service Public !