Des technologies informatiques au service de l’optimisation de la production, de la distribution et de la consommation de l’électricité dans le cadre d’une politique d’économies d’énergie et d’optimisation des investissements (« Smargrids »)

Le premier Ministre vient d’annoncer dans le cadre de la présentation du nouveau plan d’investissement public le lancement d’un appel d’offre d’ici 2016 pour l’installation de 3 millions de « compteurs intelligents».

A l’horizon 2020 ce sont 35 millions de nouveaux compteurs qui seront concernés par ce programme. L’enveloppe globale est de l’ordre de 5 milliards d’€ sur la base de 150€ par compteur.

La première phase de 3 millions de compteurs représente un investissement de 500 millions d’euros.

EDF devrait financer sous forme d’avance « sur fonds propres » ces dépenses d’installations lors de la première phase.

Le consommateur, en phase de croisière, n’aurait « rien à payer » « directement ( !) »  Mais les factures devraient intégrer le coût (actuellement prévu de 150€) via le TURPE (tarif finançant les réseaux élec). L’argument est que ceci serait « indolore » car les économies réalisées grâce à ces compteurs allégeraient les charges répercutées sur les factures d’ERDF. Ceci ne nous rassure qu’à moitié !

Il faut savoir que l’idée de mettre en place ces compteurs n’est pas nouvelle et remonte à au moins dix ans. Des opérations pilotes ont été lancées en Province par EDF.

Dans un précédent Gouvernement le Ministre Eric Besson avait déjà en septembre 2011 annoncé cette installation.

Ceci avait soulevé des réactions négatives diverses. Nous reviendrons ultérieurement  dans un autre article sur les motifs de protestation suscités.

Les organisations de consommateurs , tant en France qu’à l’étranger (Californie, Québec où ce programme avait également lancé), avaient pointé du doigt deux motifs qui tiennent, au-delà des aspects financiers, aux risques mis en évidence:

-         Les risques liés aux rayonnements électromagnétiques engendrés , supérieurs à ceux des téléphones portables.

-         Les conséquences, en termes de préservation de la vie privée, du « pistage » réalisé par ces compteurs compte tenu des informations transmises. La CNIL s’en était d’ailleurs émue.

Nous reviendrons dans le détail sur ces deux points. Les Associations de consommateurs pointent également du doigt le coût supplémentaire lié à ce changement (ceci n’est pas anodin dans la période actuelle de hausse de tarifs), l’usager prenant en charge (indirectement)  le coût de l’installation alors que ce changement va permettre avant tout à ERDF /EDF de faire des économies en matière de gestion du réseau. 

Les avantages mis en avant par EDF. Qui est gagnant ? EDF, le consommateur, la Collectivité nationale ?

EDF et ERDF misent sur ces nouveaux compteurs susceptibles d’analyser et de transmettre (CPL notamment) en temps réel  les informations relatives à la consommation énergétique des foyers au gestionnaire des données de comptage (le Distributeur).Ils présentent d’abord une source d’économies immédiates.

Les comptages très fins doivent, certes, permettre d’informer et « d’éduquer » les usagers dans une optique de  maîtrise de l’énergie, de réduction des consommations et des budgets mais le Distributeur y trouve également son compte.

Des avantages pratiques et économiques pour le Distributeur :

EDF met l’accent sur les enseignements qui peuvent être tirés de ces comptages en matière de maîtrise des coûts énergétiques.

Par ailleurs les économies réalisées grâce à la suppression des emplois  (peu vendeur en période de fort chômage !) liés à la « relève » constituent un gain substantiel, sans parler de la possibilité de « couper à distance » la distribution  ainsi que la possibilité de  réaliser certaines opérations (changement de puissance, coupures, remise en service…).Le consommateur est également dispensé de sa présence lors de la relève dans les logements anciens.

Comptablement,  ceci permettra également d’établir les factures en temps réel et d’éviter les factures intermédiaires basées sur des estimations.

Un intérêt économique plus important lié au contrôle du Réseau : Du compteur intelligent aux Réseaux intelligents (« Smartgrids »)

 L’intérêt à moyen terme lié au contrôle à distance présente des avantages encore plus considérables pour le gestionnaire de réseau (et peut- être à terme pour la Collectivité).En effet, ceci permet d’entrevoir des évolutions beaucoup plus marquantes débouchant sur les « Réseaux intelligents » permettant de moduler la distribution d’électricité en fonction des usages de base, rendant ainsi possibles des délestages sélectifs au niveau le plus fin des villes, quartiers, maisons et d’optimiser ainsi non seulement la distribution mais aussi la réalisation des investissements relatifs à la production et à la distribution d’électricité.

A terme c’est  donc l’ensemble de la Collectivité qui devrait en bénéficier. Du moins espérons-le !