Facebook investit 2 milliards de dollars dans la réalité virtuelle en rachetant Oculus, petite société californienne qui développe des casques de réalité virtuelle.

Frédéric Hourdeau

News

le 27/03/2014 à 22h10

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Facebook parie sur la réalité virtuelle. Le réseau social a officialisé ce mardi le rachat d'Oculus VR, une petite société californienne qui développe des casques de réalité virtuelle, pour l'instant uniquement destinés aux jeux vidéo mais qui ouvre de multiples pistes d’applications très diverses.

 

Le montant de l'opération s'élève à 2 milliards de dollars, dont 400 millions en cash. Le solde sera réglé en actions.

« Le mobile est la plate-forme d'aujourd'hui mais nous voulons aussi être prêts pour les plates-formes de demain », souligne Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook.

Selon lui, la réalité virtuelle a le potentiel pour devenir la prochaine plate-forme dominante.

Zuckerberg ne veut pas rater le tournant de la réalité virtuelle avec des applications déjà concluantes.

« Oculus a la possibilité de créer la plate-forme la plus sociale de l'histoire et de changer la manière dont nous travaillons, jouons et communiquons », indique-t-il.

« Dans le futur, les réseaux sociaux ne serviront plus seulement à partager des moments, mais de véritables expériences ».

« Les jeux ne sont que le début », assure ainsi Mark Zuckerberg.

« Après les jeux, nous allons faire d'Oculus une plate-forme pour beaucoup d'autres expériences. Imaginez vivre un match au bord du terrain, étudier dans une classe avec des élèves et des enseignants situés dans le monde entier ou consulter un médecin, juste en mettant vos lunettes à la maison ».

Facebook ne compte pas gagner directement de l'argent avec la vente du casque, a précisé M. Zuckerberg. Mais il veut créer un « écosystème d'applications et d'usages », même en vendant l'appareil à prix coûtant.

Pour rentabiliser ce rachat, « il y aura peut-être de la publicité dans le monde virtuel », indique-t-il, évoquant surtout la vente d'objets virtuels.

« Si nous parvenons à bâtir la plate-forme que nous voulons bâtir, il y aura beaucoup d'opportunités de monétisation » souligne David Ebersman, le directeur financier de Facebook.

Oculus Rift un projet démarré grâce à Kick starter, la plate-forme de financement participatif.

Le projet Oculus Rift a pris son envol en août 2012 sur Kickstarter, la plate-forme de financement participatif à l’initiative d’un créateur d’à peine 21 ans,  Palmer Luckey basé à Irvine, dans la banlieue de Los Angeles.

Près de 10.000 personnes avaient participé à la campagne portant au départ sur 250.000 dollars. Finalement, ce sont près de 2,5 millions de dollars qui avaient été levés.

Ces rentrées d'argent devaient permettre  à son créateur de passer à la vitesse supérieure, notamment en renforçant ses équipes d'ingénieurs, afin de mettre au point une version commerciale. 

En août dernier, John Carmack, une des légendes des jeux vidéo, avait rejoint la société.

Le projet Oculus Rift a  donc véritablement décollé en août 2012 sur Kickstarter, la plate-forme de financement participatif.

Oculus avait déjà  levé plus de 90 millions de dollars auprès d'investisseurs, dont 75 millions en décembre provenant notamment du célèbre fonds de capital-risque Andreessen Horowitz.

L’appui de Facebook devrait permettre d’accélérer le projet face à la concurrence de groupes comme Sony.

Un curieux casque !

Lors de la GDC, la conférence de développeurs organisée à San Francisco, il fallait faire plusieurs heures de queue pour pouvoir l’essayer quelques minutes.

En juin dernier, dans le cadre de l'E3, le grand salon consacré aux jeux vidéo, l’un des principaux dirigeants de Sony avait indiqué avoir été séduit par l'objet.

Une fois enfilé ce casque de réalité virtuelle, pour l’instant destiné aux jeux vidéo, fait entrevoir toutes ses promesses. Il immerge son utilisateur dans un environnement en 3D.

Palmer Luckey, le jeune fondateur d'Oculus explique : « Votre cerveau peut être trompé .Vous pensez que vous êtes là. Quand vous tombez dans le vide, à mesure que le sol se rapproche, vous commencez à ressentir la panique ».

D’autres sensations, comme le vertige, peuvent aussi être ressenties.

La phase de développement :

Le casque est encore loin d’être prêt et aucune date de commercialisation n’a été fixée.

Lors de la Game Developpers Conference de San Francisco, l'un des plus grands salons destinés aux développeurs de jeux vidéo, Oculus a dévoilé une seconde version, plus aboutie que la première qui constituait un prototype.

Lors de cet événement, le japonais Sony avait d’ailleurs, lui aussi, présenté un projet concurrent, baptisé Morpheus.

Avec l'appui de Facebook, Oculus VR va pouvoir accélérer le développement de son casque. La société continuera d'opérer de manière indépendante.

« Ce partenariat nous ouvre les portes de nouvelles opportunités » expliquent les dirigeants. « Cela va nous permettre de nous concentrer sur ce que nous savons faire de mieux pour bâtir le futur de la réalité virtuelle ».

L’appui de Facebook va donc être déterminant mais peut-être insuffisante pour rivaliser avec le géant japonais Sony ?

De la science-fiction à la réalité ! De nombreuses applications en vue ou déjà développées.

Les films de science- fiction nous faisaient rêver. Cela paraissait totalement irréel et pourtant…

Avec l’Oculus Rift on peut voir que la réalité virtuelle n’est plus seulement cantonnée à la science-fiction.

Alors que l'Oculus Rift promet de la démocratiser en l'appliquant aux jeux vidéo, cette technologie est déjà utilisée par l'armée américaine, des entreprises et des universités.

Depuis 2013, elle sert à l'entraînement de soldats.

Avec une autre application potentielle: le traitement des troubles de stress post-traumatique grâce à un programme développé par des chercheurs de l’université de Californie du sud. Il permet de notamment, dans le cadre d’un programme thérapeutique de replonger les anciens soldats dans l’univers du combat.

Le constructeur automobile Ford utilise également la réalité virtuelle pour concevoir et tester, plus rapidement et à moindre coût, l’habitacle de ses voitures.

Le groupe de défense Lockheed Martin fait de même. 

Les compagnies pétrolières et gazières  peuvent, quant à elles, former leurs employés en toute sécurité.

Au sein de l'université de Stanford, la réalité virtuelle est utilisée à des fins expérimentales.

A Stanford, la réalité virtuelle, c’est déjà du concret.

On est ici bien loin de l’Oculus Rift, dont le kit de développement est commercialisé pour 300 dollars.

Au sein de cette prestigieuse université de Stanford, au cœur de la Silicon Valley, un laboratoire travaille sur la réalité virtuelle depuis plus de 10 ans. Bâti en 2002, il a entièrement été rénové en 2010 pour profiter des dernières innovations technologiques.

« Les possibilités sont immenses », assure Palmer Luckey, qui travaillait sur des projets pour l’armée avant de fonder Oculus VR.

« Dans un futur proche, estime- t-il, « la réalité virtuelle formera policiers, pompiers ou chirurgiens, traitera les phobies, entraînera les apprentis conducteurs, sera utilisée par les cabinets d’architectes... La technologie est encore limitée mais nous avons ouvert la porte et continuons de l’ouvrir encore plus grand », ajoute-t-il.

«La réalité virtuelle sera l’une des technologies les plus significatives du 21ème siècle, ajoute Luckey. Elle a le potentiel de changer drastiquement la manière dont nous jouons, communiquons et apprenons ».

A n’en pas douter, Mark Zuckerberg en a été convaincu !