Les pouvoirs publics auraient-ils du mal à gérer leur informatique ?

Jean-Pierre Hourdeau

News

le 25/09/2014 à 22h40

Tweeter

Après le système de GRH de l’armée et l’Education Nationale (1), c’est le Ministère de l’Intérieur et la sécurité intérieure qui sont gravement défaillants : dysfonctionnement bien plus grave face à la menace de présumés djihadistes !

Le système de surveillance, qui recense les personnes fichées, était en panne mardi après-midi, quand trois suspects de retour de Syrie via la Turquie ont débarqué à Marseille (alors que soit dit en passant, ils étaient attendus à Paris !), sans être inquiétés, ni même repérés par le système informatisé Cheops!

Le système Cheops semble être, selon les dires mêmes du Ministre de l’intérieur, au centre de l’énorme  « cafouillage » à propos de l'arrestation ratée des trois djihadistes présumés.

C'est ce qu’i indiquent, également, les services pour expliquer, en partie, le retour des trois suspects mardi après-midi, sur le sol français, sans que ces derniers ne soient inquiétés en passant tranquillement le poste de police de l’aéroport de Marseille- Marignane.

Le ministère de la Défense reconnait son erreur  liée à une panne informatique du logiciel Cheops, un système de contrôles des passeports.

Le système informatisé de surveillance Cheops :

Le logiciel Cheops, pour « Circulation Hiérarchisée des Enregistrements Opérationnels de la Police Sécurisés », a été créé en 2001 (ou 1999 selon les différentes versions présentées).Ce qui permettra d’ailleurs au Ministre actuel d’indiquer que ce n’était pas de son fait !

Le système recense presque tous les fichiers de police et de gendarmerie, comme le Fichier Informatisé du Terrorisme, le Fichier des Renseignements généraux, le Fichier National Transfrontières ou le Fichier des Personnes Recherchées.

Ce logiciel regroupe toutes sortes de personnes connues des services, dont celles qui peuvent menacer la sûreté de l'État, généralement recensées dans le fichier "S".

En contrôlant les passeports, par l'intermédiaire du logiciel Cheops, les policiers peuvent immédiatement savoir si les passagers sont fichés, ou non.

Quelles sont les limites de ce logiciel ? D’abord de par les choix qui en sont faits : tous les voyageurs qui débarquent sur le sol français ne sont pas systématiquement contrôlés à leur arrivée.

Les agents de la « PAF » (police aux frontières) ne vérifient en effet pas les identités des milliers de passagers qui descendent des avions chaque jour.

En effet indique-t-on : « Il existe une très grosse pression commerciale des sociétés aéroportuaires pour réduire les files d'attente quand il y a beaucoup de monde et donc contrôler le moins de passagers possible », ….selon une source policière.

Les limites du logiciel :

Les véritables limites de ce logiciel résident  dans  ses lacunes techniques.

Selon les services de police, le système Cheops est régulièrement en panne :

« Nous avons des pannes tous les jours dans les services. Ces pannes sont fréquentes parce que nous avons des systèmes informatiques avec des moteurs de 2CV », ironise de façon amère Christophe Rouget du Syndicat des cadres de la sécurité intérieure.

Incroyable mais vrai !

Mardi après-midi justement, les policiers n'avaient pas accès au fichier des personnes recherchées. Entre 14 heures et 17 heures, leur système Cheops était en maintenance. Et dans ces cas-là, il n'y a pas de solution de secours.

Si celui-ci est en maintenance ou en panne, le contrôle est aveugle et «cela empêche effectivement les vérifications », reconnaît une source policière.

Ainsi, à leur arrivée à l'aéroport de Marseille, les trois djihadistes n'ont pas été inquiétés. Ce qui leur a permis de plastronner et, sachant qu’ils seraient finalement rattrapés, de se livrer eux-mêmes, tout fier de leur exploit, à la Gendarmerie d’un petit bourg de l’Hérault.

De quoi perdre la face pour les services de contrôle alors qu’une loi spéciale vient d’être votée pour ces cas précis !

Pour faire la lumière sur ces dysfonctionnements, le ministre de l'Intérieur a demandé une enquête à l'inspection générale de l'administration et à celle de la police nationale.

Les députés qui ont fait preuve d’une plus grande réactivité ont réagi rapidement et des auditions réalisées dans la plus grande discrétion, sont en cours.

Si l’on voulait être « méchant » face à de telles mésaventures dans le grave contexte actuel et, en considération des faibles moyens dont disposent semblent-ils les services de sécurité en matière de systèmes informatiques, on pourrait peut-être demander aux pays situés « à l’est de la péninsule arabique » de contribuer à nos financements (au lieu de financer le foot !) de logiciels informatiques et à leur maintenance ! Ceci devrait nous amener à réfléchir !

 

(1)           Voir nos articles :

Les pouvoirs publics fâchés avec l’informatique ? Un nouveau bug ?! Après l’armée les enseignants ! Le logiciel de paie en défaut ! - News - publié le 22/05/2014 Pression syndicale ou réel problème ? Rentrée scolaire reportée de fin août à début septembre : motif invoqué : des problèmes informatiques !?