Le CeBIT 2015 célèbre la d!conomy. « d ! » comme digitalisation. La digitalisation « à l’allemande » de la société selon Angela Merkel.

Jean-Pierre Hourdeau

News

le 18/03/2015 à 20h10

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Après le MWC de Barcelone, l'un des plus grands salons high-tech au monde a ouvert ses portes à Hanovre.

Pour la première fois depuis 2001, le nombre de participants au CeBIT de Hanovre a augmenté cette année avec près de 3 300 exposants en provenance de 70 pays.

Quelques jours après la fermeture du Mobile World Congress de Barcelone, on peut  rencontrer  à Hanovre un panel impressionnant de marques high-tech.

Une digitalisation de la société :

Nous sommes, il est vrai, à un tournant de notre histoire technologique.

Le succès fulgurant des smartphones et des tablettes, le développement  des mégadonnées (big data) et l’offre grandissante de stockage dématérialisé (cloud) conduisent à une véritable digitalisation de la société.

Quelques chiffres particulièrement parlants :

Près de 50 milliards d'objets connectés seront en circulation en 2020.

86 % de ces appareils ne seront ni des téléphones, des ordinateurs ou des tablettes !

En effet 60 % de ces objets sont d'ores et déjà utilisés par des sociétés pour des usages professionnels et 40 % des données (data) sont envoyés d'une machine vers une autre.

En 2015, 210 millions de voitures « connectées » seront en circulation sur les routes. Des automobiles « communicantes » pour permettre notamment aux conducteurs d'anticiper les embouteillages. Déjà, des prototypes de berlines sont capables de trouver une place de stationnement vacante et de s'y rendre sans aucune assistance.

Des constructeurs comme Audi mettent  au point des  voitures qui pourront  circuler seule dans les embouteillages et dans là où la vitesse ne dépasse pas 60 km/h.

ð Ces nouvelles technologies vont exiger l'échange de nombreuses données.

 

ð Les entreprises vont également utiliser de plus en plus le « cloud »pour améliorer leurs performances et leur efficacité, comme les nouveaux tracteurs intelligents présentés à Hanovre par l'allemand Claas, capables d’effectuer seuls les travaux et de renseigner sur l’état des cultures.

 

ð Ainsi, le monde virtuel et le monde « réel » ne vont pas cesser de se rapprocher dans les années à venir.

Pour Jack Ma, le fondateur d'Alibaba, qui ouvrait la cérémonie d'ouverture du CeBIT, « les entreprises vouées aux nouvelles technologies doivent apprendre de l'industrie traditionnelle pour devenir réellement durables »

La présence du patron du géant chinois de l'Internet est un signe : Près de 600 entreprises originaires de République populaire sont présentes cette année à Hanovre.

La Chine est devenue le deuxième plus important producteur mondial de produits high-tech derrière les États-Unis.

Cinq cents millions de smartphones vont être vendus cette année en Chine, soit près d'un tiers du marché mondial, et 85 % de ces appareils seront produits par des sociétés locales.

D'ici la fin de l’année, 680 millions de chinois auront accès à Internet, soit le double des américains.

Le monde de demain sera donc digitalisé, mais, par ailleurs, tourné vers l'Asie.

Au BIT 2015 : les 10 ambitions numériques d'Angela Merkel

La chancelière allemande Angela Merkel n'a pas lésiné sur les propositions lors de sa présentation à la cérémonie d'ouverture du CeBIT 2015 :

Amener l'Internet à très haut débit sur tout le territoire, développer la cybersécurité « à l’allemande », créer un marché digital unique pour l'Europe, simplifier les démarches administratives grâce aux nouvelles technologies, construire une autoroute du futur pour les véhicules autonomes...

 Autant de pistes pour la transformation digitale de la RFA !

La cérémonie d'ouverture du CeBIT 2015 était donc placée sous le signe de la transformation digitale de la société (la "d!conomy").

La chancelière Angela Merkel, qui a conclu cette cérémonie et déclaré le salon ouvert, a présenté les 10 points qui symbolisent la volonté de l'Allemagne de réellement entamer sa révolution numérique :

- L'Internet à 50 Mbit/s partout en Allemagne, même dans les zones rurales, d'ici 2018. Les travaux commenceront en juin prochain.

-Plus d'accès Wifi gratuit dans les espaces publics. L'Allemagne est en retard à ce niveau par rapport à d'autres pays et elle compte le rattraper.

- Une exonération fiscale pour les business angels. Elle aidera à la création de nouvelles entreprises. Un fonds spécial sera également alloué au capital-risque, et des efforts seront faits pour faciliter l’accès aux marchés financiers.

- L'assurance de la protection des données.

Le cloud et le big data sont de grands atouts pour l'innovation, mais ils présentent une part de danger. Il faut de la transparence dans l'utilisation des données, et avoir le droit de s'y opposer, si besoin, selon la chancelière.

- Un marché digital unique pour l'Europe, gouverné par des directives européennes, pour rapprocher l'Union européenne de la compétitivité des Etats-Unis et de la Chine.

- Les télécoms européens doivent être consolidés. La première étape dans cette voie sera l'accord sur l'itinérance dans toute l'union.

- Les infrastructures critiques doivent être sécurisées. L'Allemagne prépare un projet de loi sur la sécurité informatique liée aux infrastructures critiques (transports, réseaux énergétiques, etc.) pour mieux les protéger.

- Simplifier et sécuriser les démarches administratives au niveau national.

Les démarches doivent être simplifiées en tenant compte des aspirations des citoyens, et gagner en sécurité pour prévenir les fraudes. La nouvelle carte d'identité est un premier pas dans cette direction.

- Faire de la cybersécurité une spécialité allemande.

La sécurité informatique peut devenir une marque de fabrique allemande au même titre que la fameuse « qualité allemande » selon Angela Merkel. Selon elle, qu'il s'agisse de sécurité du matériel, de sécurité pour les entreprises, l'Allemagne a une carte à jouer pour mettre en valeur ses compétences nationales dans ce domaine.

-L'Allemagne sera pionnière sur les véhicules autonomes.

Le gouvernement travaille sur plusieurs propositions de lois concernant les véhicules autonomes, qui seront présentées lors du prochain salon de l'automobile de Francfort qui aura lieu en septembre.

Il va notamment créer un tronçon d'autoroute afin de tester la conduite autonome.