Après une première opération de croissance externe avec le rachat du site belge Vente-Exclusive en septembre 2015, le pionnier français du déstockage de produits de marque sur Internet veut marquer sa suprématie sur l’Europe… et s’ériger en rempart contre Amazon pour poursuivre son objectif commercial de distribution des collections des grandes marques.

Vente-privee.com est une entreprise de e-commerce créée en 2001 ayant développé un concept original de vente sur Internet, dit vente événementielle en ligne. Elle a créé un site web de ventes destiné à des clients préalablement parrainés, auxquels sont proposées des ventes de produits de diverses marques bénéficiant de décotes (-20 à -40 %) par rapport aux prix dits publics.

Ces ventes concernent des marchandises dans de multiples domaines.

Selon les parues dans divers médias (notamment les Echos, Journal du Net..), Vente-Privée vient de procéder au rachat de 100% du capital de son concurrent espagnol Privalia.

Un montant de 470 à 500 millions d'euros, dont 70 ou 80% en numéraire et le reste en action avait été évoqué précédemment par La Tribune.

Mais ce serait finalement 500 millions d'euros en cash que le leader du déstockage en ligne aurait décidé finalement de débourser. Il semblerait que Vente-privée contesterait ces chiffres indiquant qu'il est bien moindre; il y aura donc lieu de vérifier.

Le rachat du site belge Vente-Exclusive Avec 120 millions de chiffre d'affaires TTC et 4 millions de membres constituait déjà pour son acquéreur « une porte qui s'ouvre sur le Nord de l'Europe ».

Privalia, lancé en 2006, s’était depuis cette date avait étendu ses activités à l'Italie, au Brésil et au Mexique.

En 2014, Privalia annonçait un chiffre d'affaires de 415 millions d'euros.

ð Pendant des années, Jacques-Antoine Granjon, le président-fondateur du site Vente-privee.com, jurait qu'il ne rachèterait jamais Privalia. Pourquoi alors change-t-il aujourd'hui de stratégie ?

Depuis l'arrivée de son nouveau DG, Charles-Hubert de Chaudenay, venu du milieu de la banque et spécialiste des achats –acquisitions, en septembre 2015, on subodorait qu'une série de rachats se profilait.

Mais il semblerait que la raison de fond serait que Vente-Privée ait finalement décidé de s'introduire en Bourse à moyen terme, (ce qu’il conteste d’ailleurs). Ce serait donc pour convaincre les investisseurs que le leader français voudrait s'attacher à constituer un groupe international de ventes événementielles en adoptant une stratégie agressive d'acquisitions.

Quoi qu’il en soit, il s’agit pour Vente-Privée de contrer l’offensive du géant américain de l’e-commerce Amazon, qui investit massivement dans la mode, et à la croissance forte de certains sites comme l’anglais Asos ou l’allemand Zalando.

« Nous sommes sur un marché concurrentiel très vaste, où de multiples acteurs on line et off line s’affrontent pour la promotion et la distribution des collections des grandes marques de mode », souligne le fondateur de Vente-Privée.

Comme il l’a fait lors de l’acquisition de Vente-Exclusive, le groupe français va conserver les dirigeants des deux entreprises, dont il prend le contrôle, et installer sa propre offre sur leurs sites, ce qu’il a déjà fait avec succès sur les marchés du Benelux.

«Nous allons travailler les synergies potentielles et partager nos savoir-faire mutuels pour continuer de développer nos activités sur chacun de ces marchés ; et offrir ainsi le meilleur service à nos marques partenaires en leur proposant une offre globale », indique Jacques-Antoine Granjon.

Serait-ce un premier pas vers une marque unique pour affronter à armes égales les autres géants du Net ?

Le patron de Vente-privée sait bien que sa marque française n’est pas facilement exportable (voir son échec aux Etats-Unis), il entend donc d’abord mener à bien le chantier visant à construire une plate-forme européenne.

« Nous nous donnons quelques mois de réflexion sur le maintien ou non des différentes marques dans les pays où elles ont le plus souvent une notoriété forte. Il est bien possible qu’il ne faille pas forcément une même marque sur tous les marchés », estime Jacques-Antoine Granjon.

Dans ce mouvement de consolidation d’un marché de la démarque qui s’industrialise, Vente-privée n’écarterait pas de nouvelles opérations de croissance externe en Europe: En Allemagne, où Vente-privée réalise un peu moins de 100 millions d’euros de chiffre d’affaires, il devrait privilégier la croissance interne.

Suite à sa tentative avortée aux USA, le leader français entend rester à l’écart du Royaume-Uni, « un marché compliqué », où son activité reste faible.