Google étudie avec plusieurs éditeurs de presse européens la possibilité d’inclure un bloqueur de publicités intrusives sur son navigateur Chrome pour dissuader les internautes d’utiliser un adblocker.

L’idée est à l’étude côté Google , en partenariat avec d’éditeurs de presse européens, regroupés au sein de la Digital News Initiative (DNI), dont : 20 minutes, le JDD, La Dépêche, Le Parisien, Les Echos, Melty ou Euronews.

Le DNI est un fonds pour la presse européenne allouée par Google en remplacement du Fonds pour l’innovation numérique de la presse (FINP), à l’origine exclusivement français et créé afin de mettre un terme au conflit entre le californien, notamment Google news, et les éditeurs de presse français.

De plus en plus, les bloqueurs de publicités, comme Adblock Plus, sont devenus le cauchemar des éditeurs de presse et sites internet qui voient une partie de leurs revenus publicitaires confisquée. Selon l’étude PageFair/Adobe, on estime à 22 milliards de dollars en 2015 le manque à gagner causé aux sites internet par les « adblockers ».

Bien que conscients de la nécessité pour les sites d’information gratuits de se financer grâce à la publicité, les internautes sont néanmoins de plus en plus agacés par les publicités intrusives qui envahissent leur écran :

En dehors de leur côté envahissant et intempestif, elles consomment en effet beaucoup de bande passante et ralentissent le temps de chargement des pages web.

Aussi, l’utilisation d’adblockers  a explosé ces dernières années : 200 millions d’internautes en utilisaient un en 2015.

Eyeo, société éditrice d’Adblock Plus,  se voit montré du doigt et a été plusieurs fois poursuivie en justice au sujet la légalité de son bloqueur de pub.

Pour Carlo d’Asaro Biondo, responsable des relations stratégiques de Google pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique:

« Nous pensons que les internautes ne sont pas contre la publicité, qu’ils savent nécessaire à la pérennité des médias gratuits. Ils sont en réalité contre certains types de formats publicitaires, notamment sur mobile, qui sont trop intrusifs. »

L’idée est donc pour Google de trouver une approche de la publicité qui rende inutile pour l’internaute l’utilisation d’un adblocker

Google qui bloque déjà les pop-up sur sa plateforme envisage donc d’inclure par défaut un bloqueur de publicités intrusives dans Chrome afin d’en décourager l’installation, ceux-ci ne faisant généralement pas la différence entre les publicités intrusives et les autres.

Eyeo a mis en place un programme de publicité acceptable et bloque toutes les publicités qui ne correspondent pas à ce que la société estime être une publicité acceptable, notamment qui n’interfère pas avec le contenu.

Ainsi, L’internaute a le choix de définir une liste blanche des sites sur lesquels le bloqueur de pub sera levé.

Google n’a pas spécifié les modalités d’application de ce futur bloqueur :

« Nous travaillons avec les éditeurs à une charte établissant ce qui est autorisé de ce qui ne l’est pas », a indiqué Carlo d’Asaro Biondo, qui explique par ailleurs que les besoins sont très différents d’un pays à un autre.

Google discute également avec l’IAB (Internet Advertising Bureau), l’organisation regroupant les acteurs de la publicité en ligne qui  a déjà reconnu avoir une part de responsabilités dans le développement et l’adoption des adblockers.

L’IAB prépare donc actuellement son programme de lutte contre les bloqueurs de publicité

Un programme baptisé  « LEAN » cad : Light (léger), Encrypted (chiffré), Ad choice supported (le choix revient à l’utilisateur) et Non-Invasive ads (non invasives).

Google prévoit de présenter les premières décisions de la DNI avant l’été.

Mais, déjà, certains médias ont pris les devants  en France et dans le monde : on sait que plusieurs sites ont lancé l’offensive contre les adblockers qui nuisent à leur modèle économique en bloquant l’accès à leur page pour les détenteurs d’un adblocker.

 L’alternative serait d’inclure le site sur la « liste blanche » ou de souscrire un abonnement pour surfer sans publicité. C’est la formule utilisée notamment par Wired, Fortune ou Bild.