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Le raccourcissement intentionnel de la durée de vie des équipements ne se limite pas aux biens matériels (1). Les logiciels sont également très concernés. Les pratiques sont les mêmes que pour équipements fixes (hardware informatique).

Bien que non « destructibles », les logiciels sont utilisés, en moyenne, entre 2 et 5 ans avant d’être remplacés par une version plus récente. Une situation qui est due à la fois aux éditeurs et aux utilisateurs.

ð Les éditeurs poursuivent deux objectifs :

 

<-         réduire leurs coûts en limitant le nombre de versions à maintenir ;

-        vendre le maximum de licences.

Les éditeurs poussent donc le grand public comme les entreprises à utiliser systématiquement la dernière version de leur logiciel.

La plupart du temps, l’argument de la nouveauté va permettre de convaincre les utilisateurs qui  vont alors, comme pour les smartphones, se ruer sur la dernière version du logiciel, souvent sans trop savoir pourquoi et sans en mesurer les incidences de tous ordres.

Si l’attrait de la nouveauté n’est pas suffisant, les éditeurs utilisent alors  les recettes habituelles de l’obsolescence programmée.

Ceci est indispensable car une licence d’utilisation n’est généralement pas limitée dans le temps.

Il s’agira notamment de jouer sur :

-         L’obsolescence apparente :

Les versions vont se succéder  à un rythme de 2 à 5 ans selon les éditeurs.

Ainsi, chez certains éditeurs, on notera  une alternance entre les versions « fortes » (par exemple Windows 98, XP, 7, 10 pour Microsoft) et « faibles » (Windows 95, 2000, Vista, 8).

Une version faible apporte des changements fonctionnels mais elle n’est pas finalisée.

La version forte est une version finalisée.

Lorsque le décryptage est aisé, il suffit de sauter les versions faibles. Mais cela ne s’avère pas toujours aussi facile en pratique.

-         La durée limitée du support technique

En général, un support technique d’une durée de 3 à 5 ans est inclus dans le prix d’achat.

Il donne droit à une assistance (hotline) et à la mise à jour du logiciel.

Ces mises à jour comblent les failles de sécurité et corrigent les erreurs de programmation de l’éditeur.

La durée du support technique est souvent inférieure à la durée d’usage du logiciel.

 C’est ce qui pousse les utilisateurs  bon gré, mal gré, à changer de version car ils s’exposent à des risques de sécurité et ne disposent plus des données indispensables au fonctionnement du logiciel.

Même si le logiciel fonctionne parfaitement, l’absence des données critiques  comme les signatures de virus pour un antivirus, les paramètres fiscaux pour les  logiciels comptables…le rend obsolète.

-         L’incompatibilité de format

Une autre pratique, très habile, consiste à rendre incompatible l’ancienne et la nouvelle version du logiciel, notamment au travers des formats de fichiers.

Les utilisateurs sont alors obligés de migrer vers la nouvelle version uniquement pour pouvoir manipuler les nouveaux formats de fichiers.

La pratique est courante en bureautique.

-         Le système d’exploitation non supporté

 

Les éditeurs ne tiennent pas à supporter trop de versions en même temps, considérant que c’est trop coûteux pour eux.

Une de leur pratique  consiste ainsi à ne proposer leurs logiciels que pour les versions les plus récentes de système d’exploitation.

Ainsi, par exemple, un utilisateur qui dispose d’un ordinateur parfaitement fonctionnel sous Windows 2000 ne peut plus installer une version récente de navigateur depuis 2 ou 3 ans.

Or, les dernières versions de navigateur sont indispensables pour pouvoir utiliser correctement la plupart des sites web. L’utilisateur sera donc conduit  à changer de système d’exploitation pour pouvoir afficher un simple site web.

Les fabricants développent des pilotes matériels (« driver » : un programme permettant à un système d'exploitation de reconnaître un matériel et de l'utiliser) uniquement pour les versions les plus récentes des systèmes d’exploitation.

Les utilisateurs qui disposent d’une machine parfaitement fonctionnelle, mais classée comme « trop ancienne », sont alors obligés d’en changer pour pouvoir installer un système d’exploitation plus récent, pour pouvoir installer un navigateur récent, pour pouvoir afficher un site web.

ð En raccourcissant la durée de vie des logiciels, on raccourcit donc aussi la durée de vie du matériel.

On notera au passage que chaque nouvelle version d’un logiciel exige en moyenne 2 fois plus de puissance matérielle (mémoire, processeur, etc.) pour fonctionner.

Lorsque tous les leviers d’obsolescence indiqués précédemment, n’ont pas abouti, c’est finalement la solution pour pousser  l’utilisateur à changer fréquemment de matériel, pour disposer d’un terminal suffisamment réactif.

-         La « vente liée »

 

Enfin, il y a lieu de pointer du doigt la pratique de la « vente liée » consistant  à forcer l’utilisateur moyen à accepter la dernière version d’un système d’exploitation donné.

Par exemple, l’utilisateur se voit contraint d’accepter Windows 8 alors qu’il aurait préféré Windows XP, une machine nue, ou équipée d’une distribution GNU/Linux.

Afin d’éviter d’être à la merci de ces pratiques déloyales, des solutions existent  en théorie (valoriser les logiciels économes, obliger les éditeurs à fournir le code source, inciter à développer l’effort de standardisation des formats informatiques…)

Nous y reviendrons.

(1)             >Voir notamment sur l’obsolescence programmée :

L’espérance de vie moyenne d’un ordinateur : 5 ans ou plus ? Changer ou réparer ? Pour ne pas céder à la pression de la « fièvre acheteuse » ! - News - publié le 26/03/2013 Une étude d’un cabinet spécialisé (WiPro Product Strategy and Services) réalisée en 2012 estime à 3 ans la durée de vie idéale d’un PC en entreprise.