Les technologies de collecte et de traitement de l'information ont connu une évolution exponentielle au cours de ces dix dernières années.

Les méta-données sont les traces que nous laissons derrière nous en téléphonant, surfant sur le web ou en utilisant notre carte bleue.

Les méta-données téléphoniques pourraient être comparées à une facture très détaillée : appels ou texto reçu, date et heure ainsi que l'antenne GSM à laquelle vous étiez connecté.

Une équipe de chercheurs de l’université de Stanford a publié une étude approfondie montrant l’étendue des informations personnelles qui peuvent être déduites sur la vie privée d’une personne des seules métadonnées des appels passés et SMS échangés.

Cela concerne toutes les informations relatives un message: durée d’un appel, numéro appelé, heure de l’envoi d’un SMS… tout ce qui concerne un message, à l’exception de son contenu.

En 2013, Edward Snowden avait révélé que la NSA, les services secrets américains, et ses partenaires procédaient à unesurveillance massive des métadonnées, en enregistrant quotidiennement les informations  relatives de millions de messages.

Pour sa défense, la NSA affirmait  que ces informations ne revêtent pas un caractère privé, et que par contre elles sont indispensables à l’efficacité de ses actions, notamment en matière de lutte contre le terrorisme.

Mais les conclusions de l’étude menée par les chercheurs de Stanford démontrent contraire.

Pendant plusieurs mois, les chercheurs de Standford ont enregistré, avec l’accord de 823 participants à l’étude, les métadonnées de 251 788 appels et de 1 234 231 SMS.

Ils ont procédé à l’analyse automatique les tendances récurrentes dans les métadonnées.

Des appels réguliers à des correspondants (commerces par exemple) dans une zone géographique donnée peuvent ainsi par exemple indiquer qu’une  personne habite dans un quartier bien défini.

Les chercheurs ont ensuite procédé à des analyses « manuelles » pour identifier des numéros appelés et tenter d’en tirer des informations sur la vie privée des participants.

Ils sont ainsi par exemple parvenus à déterminer que l’un des participants venait de se voir averti d’un problème cardiaque : après un long appel à un centre de cardiologie, l’homme avait en effet appelé ensuite un laboratoire médical, puis reçu plusieurs coups de fil d’une pharmacie, avant d’appeler le service consommateur d’une entreprise qui commercialise des outils permettant de contrôler son rythme cardiaque.

Dans d’autres cas, la seule analyse des métadonnées a permis de conclure à des situations personnelles bien définies et vérifiées.

Dans le cadre des analyses automatiques des données la technique a permis de déterminer la localisation des personnes à moins de 80 km de leur domicile réel.

Interrogé par le Guardian, l’un des coauteurs de l’étude, Patrick Mutchler, a souligné que ces résultats ne sont qu’une illustration bien modeste de ce dont sont capables les agences de renseignement, qui disposent de moyens bien plus considérables que deux doctorants disposant de ressources limitées.