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Selon une l’étude publiée l'an dernier dans The Economist, l'automatisation grâce à l'intelligence artificielle des métiers administratifs, comptables et de gestion par l'utilisation de processus robotisés, va bouleverser le paysage des emplois administratifs. La profession comptable, est la deuxième la plus susceptible d'être affectée, avec une probabilité de 94%.

Un robot va-t-il bientôt vous voler votre emploi ?

C'est la question à laquelle ont tenté de répondre deux chercheurs de l'université britannique d'Oxford, Carl Benedikt Frey et Michael Osborne dans une étude publiée en septembre 2013 (1) récemment remise à l’ordre du jour par Bloomberg.

Ces universitaires ont analysé 702 métiers listés par le département d'état américain au Travail, selon différents critères censés déterminer leur probabilité de robotisation dans les décennies à venir, l'idée étant que plus la tâche est complexe, fait appel à la créativité ou aux relations humaines, et moins elle peut être effectuée facilement par une machine.

Des résultats sont étonnants.

Parmi les métiers ayant une haute probabilité d'automatisation dans les prochaines années, on trouve ainsi de nombreux postes dans le secteur de la logistique et des transports (chauffeur routier, conducteur de bus…). « Des voitures sans conducteur sont déjà en cours de développement et la baisse du coût des capteurs les rend de plus en plus compétitives », expliquent les auteurs.

Les emplois nécessitant un gros travail de recherche devraient eux aussi être confisqués de plus en plus par les robots, grâce à l'essor du « big data », et ce même là où l'on emploie une main d'œuvre très qualifiée.

Par exemple, certains cabinets d'avocats s'appuient déjà sur des logiciels capables de scanner des milliers de documents légaux afin de faciliter leur travail de recherche avant un procès, soulignent les deux chercheurs.

Une foule d'autres métiers pourraient être touchés, dans des secteurs très diversifiés : de la banque, où les gestionnaires de crédit pourraient être remplacés par un algorithme déterminant la solvabilité des emprunteurs, à la vente (caissière, démarcheur téléphonique…) en passant par la construction avec l'utilisation de robots rendus utiles grâce au développement des structures préfabriquées.

ð Au total, ce seraient près de la moitié (47%) des emplois aux Etats-Unis qui seraient menacés d'être remplacés par des machines dans les 10 ou 20 prochaines années...

Certains métiers devraient toutefois rester »protégés ».

C'est le cas, par exemple, de la plupart des métiers artistiques ceux du domaine de la santé (chirurgien, psychologue…), de l'éducation, ou encore les postes de direction (chef d'entreprise, responsable des ressources humaines…).

Certes, cette étude présente de nombreuses limites, comme le reconnaissent les auteurs :

Elle ne prend pas en compte, par exemple, les niveaux futurs des salaires et des prix des robots, qui constituent pourtant l'un des éléments essentiels pour qu'une entreprise décide ou non de robotiser une partie de son activité.

=> Voici quelques exemples d’emplois ayant une forte probabilité d'être robotisés :

- Démarcheur téléphonique (99%)

- Gestionnaire de crédit (98%)

- Comptable (94%)

- Chauffeur de taxi (89%)

- Ouvrier du secteur de la construction (88%)

=> Quelques exemples de métiers ayant une faible probabilité d'être robotisés :

 

- Chorégraphe (0,4%)

- Psychologue (0,43%)

- Enseignant en école primaire (0,44%)

- Directeur des ressources humaines (0,55%)

- Anthropologue et archéologue (0,77%)

Les métiers comptables déstabilisés !

Arrivent  en 2ème position, avec un score de 94%, les métiers qui ont une plus forte chance d'être robotisés: le comptable. Des résultats très étonnants !

Un article du Financial Times  avait montré comment Shell et Baker Hughes déployaient un « agent intelligent » nommée « Amelia » pour faire le travail des comptables et opérateurs des centres d'appel.

Ainsi, l’emploi des «  cols blancs » pourrait être menacé par la montée de machines intelligentes.

L'avenir des professions comptables, telles que nous les connaissons aujourd'hui, est-il  aussi sombre?

Dans un récent livre blanc « Digital darwinism: thriving in the face of technology change », les auteurs font des prévisions  assez documentées sur le rôle de la technologie en comptabilité.

Le chapitre sur l'intelligence artificielle (IA) et la robotisation offre une vue intéressante du rôle potentiel que l’automatisation des processus peut jouer dans l'amélioration des systèmes, dans la réduction des coûts et dans l’augmentation de la précision du traitement des données.

Il parait désormais évident que des logiciels-robots, ou l’automatisation de processus robotisés (APR), sont en effet capables de gérer les tâches manuelles d'une manière très efficace.

Ces robots logiciels allègent le fardeau des tâches mensuelles courantes, telles que la collecte de données, les rapprochements, les écritures comptables même complexes, la vérification de la conformité ou encore la gestion de bases de données ....

Des millions de données numériques peuvent ainsi être traitées, analysées et calculées plus rapidement et efficacement par une poignée de « comptables numériques » que par des dizaines, voire des centaines d'assistants subalternes.

Le fait que les robots puissent accéder à plusieurs systèmes à la fois et réaliser des calculs complexes signifie que tant que le processus peut être documenté et que les données sont numériques, le logiciel peut faire le travail.

Le domaine de la comptabilité est déjà bien transformé par la mise en œuvre de très bons ERP et des logiciels de comptabilité et de gestion qui ont déjà automatisé de nombreuses tâches comptables et ont créé une valeur ajoutée considérable au cours des 20 dernières années.

Cependant, il y a toujours un très grand nombre de personnel comptable et même, peut-être, plus encore qu'avant l'avènement des systèmes ERP.

Ce sont ces postes de collaborateurs  qui seraient sont la cible des assistants robots.

L'automatisation de la comptabilité est inévitable, et il ne fait pas de doute que les métiers vont changer !

L’automatisation numérique du travail va prendre en charge les tâches les plus « lourdes » de sorte que les comptables pourront  se concentrer sur le travail de plus grande valeur ajoutée, tirant le meilleur parti de leurs expériences et connaissances.

L’analyse plutôt que les processus :

Cela permettra en effet de créer plus de taches plus épanouissantes pour le personnel subalterne car ils peuvent se concentrer sur l'analyse plutôt que sur les processus.

Selon des estimations prudentes, la plupart des structures de comptables pratiquant en libéral ou en entreprise seront concernées au cours des cinq prochaines années.

 Les robots peuvent intervenir comme assistants des équipes comptables, en les rendant beaucoup plus efficaces.

Ils pourront  également prendre en charge des tâches entières et travailler indépendamment.

Par exemple, il est désormais possible pour les robots de gérer les rapprochements bancaires en temps réel et approfondir ensuite certaines questions complexes se présentant à un humain.

Le robot peut alors apprendre à résoudre ultérieurement seul les problèmes lorsqu’ils qu’ils se poseront.

Quels sont les domaines « mûrs » pour l'automatisation ?

ð Tout d'abord, ceux où les interfaces avec les systèmes de gestion sont soit inexistantes, soit partiellement mises en œuvre.

Les robots sont très efficaces pour finaliser des intégrations très rapidement, à moindre coût et souvent plus fiables que les interfaces avec les systèmes existants.

Par exemple, la collecte, la synthèse, et la publication de données sur les ventes, sur les commandes, sur les engagements…

ð Il y a ensuite, une demande toujours croissante pour les analyses et les rapports d'information à valeur ajoutée pour l'entreprise.

Les robots peuvent accéder rapidement aux données de plusieurs systèmes de comptabilité et de gestion et présenter les résultats et des idées que pourront reprendre les collaborateurs « humains ».

Pour le moment, les robots ne sont pas capables d’interpréter les résultats de l'analyse dans le contexte d'une entreprise ou d'une industrie spécifique.

Cependant, ce n'est qu'une question de temps pour que des fonctions complexes soient automatisées grâce au développement de logiciels d'intelligence artificielle, ce qui constitue actuellement l’un des axes de recherche le plus important en termes de croissance de R&D.

Tout est question de calcul et de rentabilité économique !

Pour une Direction comptable, il est important de calculer les coûts d’une telle adaptation radicale pour  s’assurer que ce n'est pas juste une question de mode.

Par rapport à un employé administratif, les « robots logiciels » moyennant leur coût en termes d’investissement, peuvent travailler de manière illimitée et le faire avec des résultats beaucoup plus cohérents que le travail humain.

Ils peuvent aussi le faire dans un format homogène et vérifiable.

Cependant, la mise en œuvre d'un robot numérique n'est pas simple et nécessite du temps.

Toutefois, en tenant compte de l'investissement initial et du temps nécessaire pour mettre en œuvre une telle automatisation, il n’est pas rare de prévoir d’atteindre seulement en un an le seuil de rentabilité avec un retour sur investissement multiplié par 3 ou 4 sur une période de trois ans.

ð A partir d’une telle étude de rentabilité, l’avancée des robots semble inéluctable.

La seule question est désormais « Quand »l’on doit  intégrer le facteur du potentiel de la robotisation et de l’intelligence artificielle dans le cadre des métiers comptabilité/gestion/finances.

De nombreux groupes et cabinets allouent déjà des budgets spécifiques pour développer leurs connaissances et leurs capacités autour de ces nouvelles technologies.

Pour les années à venir, les probabilités de mise en œuvre sont significatives, pas seulement dans les domaines de la comptabilité/ gestion/finance.

Les projets de robotisation et d’intelligence artificielle sont véritablement « transformationnels », mais sans avoir à recourir aux restructurations profondes qui ont par exemple accompagné la mise en place des systèmes ERP du passé.

Les robots arrivent ! La valeur qu'ils apportent est réelle et ils sont susceptibles d’apporter  un avantage compétitif significatif.

Il est impérieux que les dirigeants soient désormais éclairés sur les usages qui résultent de cette transformation de métiers administratifs …

 

(1)          « How susceptible are jobs to computerisation ?” Carl Benedikt Frey et Michael Osborne