Axelle Lemaire prône une « République numérique » : faire du numérique une question politique ! L’exposé des priorités.

Frédéric Hourdeau

News

le 13/10/2014 à 21h30

Tweeter

Le colloque annuel de l’Arcep est généralement le moment pour le ministre de tutelle, en l’occurrence, en charge du numérique, de rappeler  à chaque catégorie d’acteurs leur mission. Lors de l'édition 2014, la secrétaire d’État au numérique a placé son discours à un niveau inédit : celui de la République et de ses valeurs.

 

Face au régulateur des télécoms, l’Arcep et aux acteurs du secteur, la secrétaire d'État au numérique a renouvelé la volonté du gouvernement de faire du numérique une question politique.

Cela aura sûrement surpris une grande partie du public qui était venu plutôt entendre confortablement des considérations technologiques soulevées par les télécoms !

La ministre a  en effet affirmé que sous leurs apparences purement techniques, la gouvernance d’Internet, le développement des plates-formes de service ou le déploiement des infrastructures étaient trop importants pour n’être regardés que d’un seul  point de vue purement économico- libéral !

Pour elle, « derrière les évolutions technologiques se cachent des enjeux politiques essentiels pour le gouvernement ».

Pour elle encore, le numérique est devenu l’affaire de tous et non de quelques ingénieurs ou de geeks : « Il appelle une réponse politique au sens noble »

La France, selon Axelle Lemaire, n’est ni une « start-up nation » comme Israël, ni la « tech city » londonienne, ni la Silicon Valley californienne, mais une « République numérique ».

Cette République doit s’interroger sur le renouvellement de ses valeurs dans cette nouvelle ère.

La politisation d’un dossier technique :

Derrière  ce terme  nouveau, Axelle Lemaire a politisé le sujet du numérique. Une occasion pour elle de rappeler le sens de la concertation publique lancée samedi dernier, appelant l’Arcep et les acteurs des télécoms à participer.

Les chantiers prioritaires :

La nouvelle secrétaire d’État a également rappelé les chantiers prioritaires: notamment le plan France très haut débit.

Malgré les restrictions budgétaires,  le gouvernement a confirmé son engagement en rappelant incidemment les opérateurs télécoms quant à leurs propres engagements.

« La France a une longueur d’avance » dans la fibre optique et les opérateurs doivent confirmer leurs investissements » indique la Secrétaire d’Etat.

Elle a ajouté qu’elle ferait évoluer le plan avant la fin de l’année pour prendre en compte la connexion des entreprises :

« Le temps de la réflexion en silo sur l’aménagement du territoire est terminé. Nombreux sont ceux en région qui ne comprennent pas qu’on leur parle fibre … alors qu’ils n’ont même pas de connexion voix mobile ! »

Elle a ainsi lancé une cartographie, « objective », des zones blanches s’appuyant sur les data disponibles.

« Nous devons mobiliser les réflexions sur l’infrastructure, le contenu, les usages, pour favoriser l’accès à l’emploi, le débat citoyen, la transformation individuelle et collective. Nous avons dix ans de retard sur cette réflexion ! Nos voisins européens, les collectivités et même les usagers, eux, n’ont pas attendu» souligne-t-elle.

Depuis juillet, un état des initiatives et innovations d’accompagnement des usagers est en cours. Pour accompagner notamment tous ceux que la culture numérique aiderait à sortir de leur situation précaire.

La « neutralité du Net »

Sur la neutralité du Net, Axelle Lemaire prône l’implication des États et de la Commission européenne.

« De nouvelles règles du jeu sont nécessaires. Et le président de la République a demandé un travail sur l’intégration et la modernisation des organisations, que je vais réaliser avec Fleur Pellerin, ministre de la Culture. Les plates-formes de service audiovisuel n’échappent pas aux valeurs et aux règles du jeu équitable ».

Une coopération européenne :

Pour la secrétaire d'Etat, il faut « un secteur des télécoms fort, avec des acteurs paneuropéens forts, et pour cela, assouplir via un travail long et difficile les règles de la concurrence à l’échelle européenne ».

 Une remarque à peine voilée en direction de l’autorité européenne de la concurrence.

S’adressant au régulateur, Axelle Lemaire a souligné qu’il ne fallait pas confondre «indépendance et irresponsabilité».

Concernant la Présidence de l’ARCEP, elle a par ailleurs souhaité que le prochain responsable soit nommé (ce sera l’an prochain) au travers d’un processus public et transparent pour que tous les candidats puissent faire valoir leur expérience.