Comment les technologies utilisées par Bitcoin et les crypto-monnaies (1) pourraient transformer radicalement les systèmes bancaires et financiers, selon un rapport de la banque espagnole BBVA.

«La technologie de chaînes de blocs pourrait bien être l'ultime transformation majeure du système financier mondial.»

C'est ce qu'indique un intéressant rapport publié le 10 juillet 2015 de la BBVA(Banco Bilbao Vizcaya Argentaria), la 2^ème  banque espagnole

Il conclut que «la question n'est pas comment, mais quand cette transformation va atteindre une portée considérable, susceptible de réorganiser l'industrie financière, bien au-delà des seuls dispositifs de paiement».

La technologie de chaînes de blocs :

Les chaînes de blocs («blockchain») constituent la base du fonctionnement du Bitcoin, et de toutes les « crypto-monnaies » qui ont suivi  ensuite.

Toutes les transactions sont décrites dans des blocs de données, qui sont ensuite soumis, de façon décentralisée, à validation, par les ordinateurs constituant le réseau d'une crypto-monnaie donnée.

Cette validation, destinée notamment à éviter les fraudes et la double utilisation d'une somme unique, repose le plus souvent sur des calculs intensifs, effectués de façon concurrente par les utilisateurs du réseau.

Une fois validé, un bloc est rattaché aux blocs qui ont précédé, rendant impossible l'altération de la chaîne ainsi formée sans reconstruire la totalité des blocs.

Ainsi, une chaîne de blocs est donc un fichier unique, public, donc consultable par tous, partagé et décentralisé à savoir stocké simultanément sur de nombreux ordinateurs, et comportant la description de toutes les transactions valides effectuées dans une crypto-monnaie depuis son origine.

On compte aujourd'hui plus de 600 crypto-monnaies cotées sur les marchés, chacune disposant de sa propre chaîne de blocs, et d'innombrables applications tirent parti de ce principe.

«Les institutions de l'industrie financière ont tardé à reconnaître le potentiel des chaînes de blocs, mais des douzaines de grandes banques ont désormais investi des budgets significatifs dans cette technologie», assure la BBVA, qui décrit quelques-unes des applications possibles, et des changements à en attendre.

La transformation des modes de paiement : la fin des intermédiaires ?

«Les premiers niveaux de transformation vont probablement concerner le domaine des paiements, dans lequel les transactions habituelles, comme les virements, les paiements par cartes, les envois de fonds à l'étranger et les paiements en ligne, vont désormais s'effectuer directement entre un acheteur et un vendeur, sans intermédiaire, la validation de la transaction étant menée de façon décentralisée via un registre distribué», indique le rapport.

En fait, cette évolution est déjà en marche:

Ainsi, il existe par exemple une bonne dizaine de start-up spécialisées dans le transfert de bitcoins à des destinataires de pays tiers, y compris si le destinataire n'est pas bancarisé.

Mais «le plus gros impact potentiel d'un registre public pourrait s'étendre au-delà du système de paiement», considère BBVA, qui souligne que «tous les instruments financiers – actions, obligations, produits dérivés et crédits – existant déjà sous forme électronique, le système tout entier pourrait un jour être remplacé par une structure décentralisée».

L "Internet de l'argent" :  

BBVA conclut que «dans un tel environnement, le système actuel, où les institutions financières enregistrent des comptes individuels de façon centralisée et où les réserves bancaires sont stockées par des banques centrales, serait remplacé par un «Internet de l'argent » ou un « Internet de la finance », un système financier entièrement décentralisé».

Plusieurs problèmes restent cependant à régler, sur le plan technique comme sur le plan légal, avant de voir se réaliser ce schéma, reconnait toutefois le rapport.

En effet, pour beaucoup d'observateurs, le principe de chaînes de blocs est une technologie susceptible d'entraîner de vastes et profondes transformations.

L'une des plus récentes crypto-monnaies, Ethereum, lancée cet été, déjà valorisée plus de 100 millions de dollars, est en fait moins une monnaie qu'un dispositif permettant de généraliser le développement d'applications, financières ou non, de façon décentralisée et reposant intégralement sur une chaîne de blocs.

En août 2015, Visa, le leader des traitements par cartes bancaires, a ainsi annoncé qu’il se penchait  sérieusement sur les possibilités offertes par le principe de blockchain :

«Des équipes en Inde travailleront de concert avec deux laboratoires de recherche aux Etats-Unis et à Singapour, pour étudier les nombreux aspects des chaînes de blocs», indique-t-on chez Visa.

(1)           Voir nos précédents articles, notamment :

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