Atos et Orange partis dans une course au leadership dans le cloud français. En voulant racheter Cloudwatt, Orange défie Atos.

Frédéric Hourdeau

News

le 15/01/2015 à 22h30

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Avec le rachat de 100% de Cloudwatt, Orange veut se positionner comme le leader du cloud français en défiant Atos qui, lui- même, en rachetant Bull en 2014, a repris pied dans Numergy, l’autre opérateur de cloud souverain.

Orange passe à la vitesse supérieure : Après avoir participé à la création en septembre 2012 de Cloudwatt, l’un deux opérateurs de cloud souverain soutenus par l’Etat, Orange se lance dans le rachat de 100% de cette société dont il détient déjà 44,4% du capital.

Il vient ainsi d’engager des négociations pour la reprise des parts des deux autres actionnaires fondateurs : les 22,2% de Thales et 33,3% de la Caisse des Dépôts, qui représente les intérêts de l’Etat.

Pour Stéphane Richard et le groupe Orange, l’occasion est bien d’apparaître comme le champion du cloud souverain en reprenant le contrôle de l’un des deux acteurs, dont les résultats ont beaucoup déçu les actionnaires et surtout l’Etat.

Orange est plus qu’un opérateur télécoms.

C’est, en effet, aussi une société de services au numérique, la quatrième en France en 2014 selon le cabinet PAC, derrière IBM,Capgemini, Atos et Sopra-Steria.

L’ambition de Stéphane Richard est désormais d’en faire un acteur majeur du cloud computing en France.

La course est engagée :

Orange est déjà présent directement dans le cloud sous ses trois formes (IaaS, Paas et SaaS) et ses trois modes de déploiement (privé, public et hybride) en s’appuyant sur quatre datacenters en France, dont celui très récent deVal-de-Reuil, en Normandie, utilisé aujourd’hui par Cloudwatt.

Orange devrait ainsi avoir atteint un revenu de 165 millions d’euros en 2014, en progression de 20% par rapport à 2013. C’est encore loin de son objectif de 500 millions d’euros en 2015, affiché en 2013.

Et Cloudwatt, dont l’offre de location de capacité de traitement à la demande n’a été commercialisée qu’en juillet 2014, représente peu de chose sur le marché.

Toutefois, son PDG Didier Renard escompte un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros en 2017.

Ceci devrait renforcer à long terme la position d’Orange et lui permettre de rattraper le retard pris sur son objectif.

En effet, son offre cloud, basée sur la plate-forme logicielle de VMWare, est complémentaire avec celle de Cloudwatt ,une complémentarité de nature à étendre la portée commerciale d’Orange, qui revendique aujourd’hui 10 000 clients entreprises, dont 1000 dans le cloud d’infrastructure (IaaS).

Une réponse au rachat de Bull par Atos :

Cette opération apparait également comme une réponse d’Orange au rachat de Bull par Atos en 2014.

Grâce à cette opération, Atos, le groupe français de services au numérique dirigé par Thierry Breton mettait un pied dans Numergy, l’autre opérateur de cloud souverain détenu par Bull (20%), SFR (47%) et la Caisse des Dépôts (33%), et revendique ainsi la place de premier acteur européen du cloud avec un chiffre d’affaires total de 390 millions d’euros en 2013.

Il complète dans le même temps son offre Canopy, basée sur la plate-forme VMWare, par la plate-forme OpenStack de Numergy.

Atos et Orange semblent partis dans une course au leadership dans le cloud français.

Mais OVH, l’autre champion français du secteur, qui va investir 400 millions d’euros sur les trois ans à venir, devrait jouer les trouble-fête.

Il est possible qu’Orange ait été encouragé par le gouvernement à lancer cette opération. Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat en charge du Numérique, prônait un rapprochement de Numergy et Cloudwatt, opération devenue compliquée après le rachat de Bull par Atos et de SFR par Numericable.

Mais son vœu de voir l’Etat présent dans un seul opérateur de cloud souverain, en l’occurrence Numergy, serait ainsi exaucé.