Martin Brittin, président de la division européenne de Google, a répondu récemment  aux accusations d’abus de position dominante dont le géant de l’internet fait l’objet de la part de l’Europe.

Ainsi, Google reconnaît avoir « mal géré la situation européenne ».

Selon Martin Brittin, bien que l’entreprise soit ouverte à une entente amiable, Google n’est toutefois pas convaincu par les  accusations formulées à son encontre.

Rappelons que Margrethe Vestager, qui occupe depuis peu le poste de commissaire à la concurrence, a en avril dernier, formellement accusé Google de violer les règles de l’Union européenne en matière de concurrence. Une décision a été rendue après une longue enquête de cinq ans et trois tentatives d’entente à l’amiable avortées au cours du processus.

Le « mea culpa » de Martin Brittin

«En ce qui concerne l’Europe : nous avons  bien compris que les Européens ne partagent pas la même vision sur un ensemble de facteurs que les Américains».

«Nous voulons être pragmatique et en arriver au point où nous pouvons continuer d’investir dans la réalisation de grands produits pour tout le monde», a-t-il déclaré.

Martin Brittin souligne que Google a effectivement commis, sur ses activités et sa vision   économique, des erreurs en terme de communication face aux décideurs politiques de Bruxelles, et plus généralement en Europe.

De son point de vue, Google a trop longtemps été perçue depuis le « Vieux Continent » comme« un truc de la côte ouest-américaine aux valeurs libérales», et il chercherait  désormais à modifier cette image qu’il considère comme non conforme à la réalité.

«Nous ne comprenons pas toujours du premier coup», affirme Martin Brittin.

«En ce qui concerne l’Europe,  les Européens ne partagent pas la même vision que les Américains sur un ensemble de sujets »

«Nous n’avions tout simplement pas suffisamment de gens sur le terrain pour être en mesure d’avoir  un dialogue au moment où nous prenions de l’expansion.»

Martin Brittin envisage désormais de « visiter Bruxelles au moins une fois par mois », tandis que Google tâchera de mieux expliquer comment elle peut être bénéfique à l’économie et la culture des petites entreprises européennes.

De solides points de désaccord subsistent néanmoins :

Bien qu’il admette que son entreprise ait pu  commettre des erreurs, M. Brittin ne partage pas le point de vue de la Commission européenne à l’égard de Google concernant l’abus de position dominante (1).

Les accusations portent sur la façon dont le moteur de recherche fait la promotion de ses propres services commerciaux dans ses résultats de recherches, notamment en les présentant au haut de la page, reléguant du même coup ses concurrents au second plan.

Ainsi, la Commission européenne examine toujours des plaintes liées aux activités publicitaires de Google, à son service de cartographie Google Maps, et à son système d’exploitation mobile Android.

«Il n’y a aucune preuve que des consommateurs ont été lésés ici, et également aucune preuve concrète que les entreprises plaignantes ont été lésés», déclare M. Brittin.

Il tient  également à souligner que la plupart des plaignants «sont des entreprises américaines ou des entités liées à des entreprises américaines».

Selon lui, la Commission ne semble pas comprendre à quel point les applications mobiles font désormais partie du paysage web, rappelant que sept minutes sur huit passées en ligne le sont au travers d’une application.

Google n’est pas la seule porte d’entrée d’Internet.

M. Brittin souligne : «Au cours des cinq dernières années, le monde a changé : nous avons tous Internet au grand complet dans notre poche…. La façon dont nous accédons à l’information a grandement évolué, et je crois qu’il n’y a jamais eu de moment plus compétitif que maintenant en terme de choix pour les consommateurs».

Cependant, il s’avère, bien entendu, et ce n’est que très naturel pour un groupe de nature capitalistique,  que Google cherche à prendre les devants face à ce changement.

Elle a récemment dévoilé la fonction Now on Tap, qui permet notamment d’ajouter une couche d’informations contextuelles (propulsées par son moteur de recherche) aux applications Android.

Les utilisateurs peuvent ainsi poser des questions par rapport à de la musique, des restaurants, ou des horaires de cinéma sans jamais quitter l’application dans laquelle ils se trouvent.

Google peut insister sur le fait que la firme  n’est plus le centre d’Internet, il n’en reste pas moins que l’entreprise recherche tous les moyens pour assurer cette position.

Est- ce vraiment blâmable ?

(1)           Voir précédents articles, notamment :