Les archives de la société panaméenne se présentent véritablement comme les registres du commerce en France; représentant 11 millions et demi de fichiers, les archives du cabinet vont de 1977  à 2015 : plus de 2,6 téraoctets de données !

Cent neuf médias de tous pays ont dévoilé ce dimanche soir des enquêtes sur la fraude fiscale dans le monde mettant en cause de nombreux dirigeants de la sphère économique et politique. Ces médias ont bénéficié d'une fuite massive de documents ultraconfidentiels en provenance de Panama.

Comme dans les affaires Offshore leaks, Lux leaks et Swiss leaks, tout a commencé par une fuite au printemps 2015 : Il y a un an, une source anonyme commençait à fournir au Süddeutsche Zeitung une masse d'information provenant d'un cabinet panaméen leader mondial de la domiciliation de société-écran.

C'est le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) basé à Washington (1) qui va prendre la main pour coordonner l'enquête. Ils ont pu disposer d'un moteur de recherche sécurisé permettant à chacun d'eux d'accéder aux plus de 11 millions de documents à tous moments, ainsi que d'un forum sécurisé où ils pouvaient partager leurs découvertes ou échanger des documents.

L’accès était contrôlé par un identifiant mais aussi un mot de passe qui se renouvelait toutes les trente secondes.

«Panama Papers » : 11,5 millions de fichiers du cabinet Mossack Fonseca à explorer

Devant la masse de données qui lui parvenaient, le journal allemand a demandé de l'aide à d'autres rédactions.

C'est ainsi qu'un réseau de 107 journaux dans 76 pays a commencé à travailler sur « Panama Papers » dont toute la presse parle aujourd’hui !

En France c'est Première ligne, la société de production de "Cash investigation" (l’émission consacrée à ce scandale sera diffusée demain à 20h 55 sur France 2) et Le Monde qui s'y sont attelé.

Le Monde explique ce lundi comment il a travaillé sur cette gigantesque base de données interne du cabinet panaméen Mossack Fonseca : 11 millions et demi de fichiers, les archives du cabinet, depuis 1977 jusqu’à 2015.

Plus de 2,6 téraoctets de données, soit plusieurs décennies de lecture 24 heures/24 pour venir à bout de cette gigantesque base de données.

Ces archives de la société panaméenne se présentent comme les registres du commerce en France : avec date de création de la société-écran, intermédiaire financier, nom des actionnaires, activité, bénéficiaires réels

Les journalistes devaient donc analyser toutes ces informations, ainsi que les courriels que se sont échangés les employés du cabinet panaméen. Un travail pharaonique !

L’aide du moteur de recherche

C’est grâce à la technologie moderne qu’a été rendu possible l’exploration de cette masse immense de données.

Un moteur de recherche spécial a été créé par le consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) basé à Washington ; il a permis aux journalistes de naviguer plus facilement au sein des fichiers, en partant d’un nom, d’une société ou d’une expression.

Le Monde a cherché notamment les noms de Français impliqués dans ces fichiers.

Ainsi c’est en faisant une sélection sur le critère «passeport français» avec le moteur de recherche sont alors ressortis les fichiers de la société panaméenne un listing où apparaissaient tous les noms des ressortissants français concernés.

En faisant des sélections sur certains noms ont pu être découverts, en croisant avec d’autres fichiers, les noms de personnalités célèbres !

Ainsi, plusieurs choix ont été opérés : Le Monde a cherché dans la liste des parlementaires français et européens, la liste des 500 Français les plus riches, la liste des ministres français depuis les années 1980, les administrateurs du CAC 40, les personnalités préférées des Français, les personnes citées dans des affaires politico-judiciaires depuis 2000, ou encore les joueurs de l’équipe de France de football.

Pour faire preuve d’une parfaite honnêteté intellectuelle, les noms des actionnaires du Monde devraient eux aussi être entrés dans le moteur de recherche selon La Rédaction !

L'agence de presse Premières Lignes fondée par Luc Hermann et Paul Moreira est le deuxième partenaire français du consortium. L’enquête sera diffusée sur France 2 ce mardi 5 avril à 20h55 dans le cadre du magazine Cash Investigation.