Un ex-employé dénonce la possibilité laissée à des milliers d'employés de la plateforme d’avoir, sans aucune justification, un  accès généralisé aux données clients.

La  plate-forme a déjà été mise en cause il y a deux ans, mais il semble qu'aucune mesure véritablement efficace n'ait été prise depuis lors.

Un grand laxisme en matière de gouvernance des données ?

Plusieurs anciens employés de la société  font état, dans le cadre d’une enquête du Center for Investigative Reporting, qu’Uber ferait preuve d’un grand laxisme en matière de gouvernance des données.

Des milliers d'employés peuvent en effet facilement accéder aux informations personnelles des clients : à savoir notamment des informations sur l’historique de leurs déplacements par exemple.

ð Cela passerait par un « god mode », (une fonctionnalité cachée du système permettant d'accéder à des paramètres avancés) où l'accès à l'ensemble des données clients est possible !

Ces salariés auraient largement utilisé cette faculté,  et ce à des fins tout à fait  personnelles.

Célébrités, hommes politiques, partenaires…ou n'importe quel client  était pisté par les employés d'Uber, et ce pour des motifs de simple curiosité personnelle.

ð Le point de départ de l'affaire : Ward Spangenberg, un ex-employé de l'entreprise, poursuit l'entreprise en justice.

Un juge a décidé en octobre dernier que celle-ci devrait être réglée dans le cadre d'un arbitrage privé. Mais le Center for Investigative Reporting ne l’entend pas ainsi et vient de rendre public les documents de la plainte.

En 2014 il avait été révélé que des responsables d’Uber utilisaient l'outil God Mode pour suivre les déplacements d’une journaliste qui écrivait sur l’entreprise. Prise en faute, l'entreprise avait promis de mettre fin à de telles pratiques.

Au contraire, l'enquête du Center for Investigative Reporting montre qu’il n’en est rien !

Une absence de contrôle persistante de la régularité des procédures :

En effet, les employés d'Uber doivent simplement s’engager à « ne pas abuser de cet outil » via une déclaration, mais peuvent l'utiliser sans véritable contrôle.

Seules des recherches sur les clients qualifiés de « VIP » sont enregistrées pour un éventuel contrôle postérieur !

Pour Uber, ce God Mode ne serait accessible qu'à quelques cadres de la société.

« Il est absolument faux de dire que « tous ou presque tous » les employés ont accès aux données des clients, avec ou sans approbation » souligne Uber dans un communiqué publié par le Center for Investigative Reporting.

« Nous avons construit tout un système pour mettre en œuvre des contrôles techniques et administratifs afin de limiter l'accès aux données des clients aux employés qui en en ont besoin pour effectuer leur travail ».

Uber reconnaît également avoir licencié des employés qui avaient accédé à des données personnelles de clients sans raison valable, tout en minimisant l'ampleur du phénomène. (Moins de dix personnes, selon l'entreprise).

Des pratiques discutables !

Ward Spangenberg a travaillé pour l'entreprise comme responsable de la sécurité.

Il poursuit la société pour licenciement abusif, basé sur une accusation de discrimination relative à son âge.

Mais, un licenciement qui serait selon lui une conséquence du rôle de lanceur d'alerte qu’il se serait attribué .

Il affirme également avoir, sur ordre, chiffré à distance le contenu d’ordinateurs de l’entreprise durant des perquisitions dans le but d’empêcher l'accès aux données par les enquêteurs.

Ces affirmations sont corroborées par les services fiscaux de la province canadienne du Québec.

Sous les yeux des enquêteurs (un comble !), en 2015, les données des ordinateurs des employées ont été chiffrées.

Pour la Cour supérieure de Montréal il s’agit là d’une tentative d'entrave à la justice !