Un mois après l'échec des transactions concernant son rachat par Orange (1), Bouygues prend les dispositions pour faire cavalier seul sur le marché des télécoms.

L'opérateur a maintenu une politique agressive de promotions : En un an, Bouygues Telecom a ainsi gagné 151.000 abonnés et 71.000 dans le fixe.

Il compte désormais 12,1 millions de clients mobile et 2,8 millions de clients dans le fixe.

L'opérateur voit son chiffre d'affaires progresser de + 6% en un an avec 1,1 milliard d'euros&; sa perte a été ramenée à 40 millionsd'euros, contre 49 millions l’année précédente.

Le groupe envisage poursuite de sa stratégie actuelle: redresser ses comptes et continuer à gagner des clients.

D’où une stricte politique d'économies, avec une réduction de coûts annuels de 600 millions d'euros.

En deux ans, Bouygues Telecom a ainsi ramené ses effectifs hors boutique à 3000 personnes, une taille comparable à celle de Free.

Par ailleurs, le partage de réseau mis en place avec SFR doit lui permettre d'améliorer de 30% sa couverture mobile dans les zones concernées.

Bouygues Telecom mise sur une stratégie de volume, grâce à son tarif attractif dans l'ADSL, avec des abonnements à 19,99 euros par mois.

Pour Olivier Roussat, le PDG de Bouygues Telecom, qui déploie progressivement son réseau fibre, «Le premier moyen de vendre de la fibre... c'est de vendre de l'ADSL »,l'idée étant, à terme, de faire migrer les clients ADLS de Bouygues Telecom vers de la Fibre.

ð Il faut savoir que «Le marché de l'ADLS, c'est 26 millions, celui de la fibre 1,5 million de personnes».

La filiale de Bouygues dispose par ailleurs d'un avantage de taille : elle appartient au même groupe que TF1, ce qui pourrait être l'opportunité d'exploiter une partie du catalogue non diffusé du groupe audiovisuel.

« Structuré pour résister ».

Interrogé par le journal Challenges un mois après l’échec du mariage avec Orange, Olivier Roussat souligne que l’opérateur reste « structuré pour résister ».

Olivier Roussat croyait bien à ce mariage, sauf que « l’un de acteurs s’est mis à rajouter des conditions suspensives inacceptables ».

Pour le moment, donc « l’heure est de tourner la page et de passer à autre chose ».

La première priorité, et non des moindres, est de remotiver les 7500 salariés de l’entreprise suite à des semaines de tractations fausses annonces et incertitudes.

Olivier Roussat l’assure : malgré trois tentatives de vente en deux ans, les équipes sont restées unies derrière lui.

On notera toutefois que, pour l’avenir, certains analystes restent perplexes sur les capacités de Bouygues à investir dans le très haut débit fixe, domaine où il est à la traine.

Certains doutent de la capacité de l’opérateur à percer dans la fibre : en effet, dans les zones moins denses, la part de marché de Bouygues se situe autour de 10% et ce faible poids relatif pourrait rester très bas.

Pour Bouygues Télécom la tâche est rude: il faut convaincre que l’on est capable de se positionner autrement qu’un acteur low cost en matière d’investissements, à moins que ne se présente une nouvelle opportunité de consolidation ?

(1)          Voir :