Aboutir à une plus juste taxation des géants du Net, mais aussi, affirmer une réelle volonté industrielle européenne pour le numérique et l’I.A : les 28 états d’Europe doivent trouver des solutions communes pour peser dans le paysage mondial des nouvelles technologies numériques.

Le 29 septembre, à l'occasion du sommet numérique de Tallinn, en Estonie les 28 pays de l'Union européenne suivront peut-être les propositions avancées par le Ministre français de l'Économie Bruno Le Maire, et ses homologues allemand Wolfgang Schäuble, espagnol Luis de Guindos ou encore l’italien Pier Carlo Padoan.

Ces derniers souhaitent d’abord davantage taxer les géants du Net. L'idée des politiques est d'aboutir à une taxation sur le chiffre d'affaire généré (1).

Aujourd'hui, la perte estimée pour l'Europe est, il est vrai, importante : 5,4 milliards d'euros, selon l'eurodéputé néerlandais Paul Tang.

Pourtant, même si les 28 se mettent d'accord fin septembre, l'application concrète de cette harmonisation devrait prendre beaucoup de temps.

La réponse européenne passe également et surtout par une vraie stratégie industrielle, et la possibilité de créer de véritables champions sur notre territoire.

La France, un « pays du tiers monde » dans le secteur ?

Six mois après la présentation de France IA, un rapport qui faisait le point sur les atouts de la France en matière d'intelligence artificielle, le Premier ministre français Édouard Philippe a demandé au député Cédric Villani d'établir une marche à suivre afin que notre pays tire davantage parti des sciences cognitives.

D'après Laurent Alexandre, la France est un « pays du tiers monde » dans le secteur.

Pour l'instant, les géants américains du Net, les Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft), tout comme les chinois Baidu, Alibaba, ou encore Tencent ont pris une sérieuse avance.

Leurs algorithmes ne cessent de s'affiner, grâce aux milliards de données récoltées par leur plateforme.

Dans un rapport publié en mai 2017, s'appuyant sur le nombre de publications de recherche liées à l'intelligence artificielle, il est mis en évidence que le premier pays de l'Union, l'Allemagne, n'arrive que cinquième du classement dominé par la Chine et les États-Unis.

La France, est huitième, juste derrière l'Inde.

Notre pays a, certes, produit des spécialistes de rang mondial, mais la plupart de ces experts, comme Yann Le Cun chez Facebook ou encore Luc Julia, un des pères de Siri aujourd'hui chez Samsung, sont souvent recrutés par ces géants.

Il faudrait donc s’appuyer nos jeunes pousses nées en Europe, comme le traducteur allemand Deepl, l'éditeur de logiciels suédois Starcounter, le moteur de recherche franco-allemand Qwant, ou encore la start-up parisienne Dataiku, spécialiste du machine learning.

Alors que l'intelligence artificielle change déjà la donne dans la voiture autonome, la médecine, la finance, ou encore la conquête spatiale, l'Europe ne peut être absente de ces domaines liés aux technologies d’avenir.

(1)           Voir :