En dix ans, l’iPhone a transfiguré le monde de la téléphonie mobile : il a lancé la révolution du smartphone moderne et celle des applications mobiles. Avec son écran tactile sans clavier, son interface adaptative et son OS dédié, il a pris tout le monde de court dès sa présentation.

Le premier téléphone Apple : un « dumbphone » !

Avant de révolutionner les smartphones, Apple avait déjà tenté une incursion dans le monde restreint de la téléphonie, en 2005.

Il s’était associé avec Motorola pour proposer le Rokr E1.

Ce « dumbphone », ancêtre lointain des smartphones, peu ergonomique  et très limité embarquait une fonction iTunes fournie par Apple, qui donnait accès à l’iTunes Music Store.

Problème : il n’était possible que d’embarquer 100 chansons dans les 512 Mo de mémoire Flash qu’il contenait.

ð Un échec cuisant  qui a amené  à conduire Apple  à la conclusion qu’il fallait se pencher sur son propre téléphone.

Le début de la rivalité entre Apple et Google

Le 9 janvier. Andy Rubin, « père » d'Android à  la tête du projet, devait  rencontrer Au CES 2007  un fabricant de téléphones, prêt à intégrer son système .Il découvre alors la présentation de Steve Jobs ; bluffé, il déclare  « je crois qu’on ne va pas sortir le téléphone »

Il s’agissait pourtant  d’un mobile plus performant que l'iPhone sous certains aspects. Il était, entre autres, multitâche, fonctionnait sans avoir besoin d’être connecté régulièrement à un PC ou un Mac et intégrait également un kiosque de téléchargements, Android Market.

Mais il était peu esthétique et très proche des autres smartphones de l’époque, avec un clavier physique, un petit écran non tactile et une interface totalement dépassée par rapport à l’Iphone.

« Nous savions qu’Apple allait annoncer un téléphone, expliquait Ethan Beard en 2013, qui faisait partie de l’équipe originelle d’Android, mais nous ne pensions pas qu’il serait aussi bon ».

Le projet d’Android  fut alors repoussé d’un an, à septembre 2008, pour devenir le Dream, avec un écran totalement tactile.

Au lancement de l’iPhone, Eric Schmidt, alors directeur général de Google, siégeait au board d’Apple  où il avait été nommé en août 2006.

Google était un partenaire précieux d’Apple et proposait son moteur de recherche par défaut dans le navigateur de Mac OS X et iPhone OS.

Lorsqu’il est apparu que le géant de la recherche en ligne commençait à avoir de sérieuses velléités pour développer un mobile avec Android, lancé officiellement en septembre 2008 (1), Eric Schmidt dut démissionner. Son départ effectif aura lieu en août 2009.

La montée en puissance de l’OS concurrent de l’iPhone OS a suscité la  colère de Steve Jobs.

Ne pouvant attaquer Google de front, Apple engagea des poursuites contre HTC, porte étendard d’Android, puis d'autres marques, notamment Samsung.

«Google pille notre iPhone ! C’est du vol manifeste. », déclarait Steve Jobs. « Je détruirai Android, parce que c’est un produit volé», avait-t-il lancé.

iPhone et iPad

Apple travaillait sur une tablette tactile qui allait devenir l’iPad bien avant de se mettre à développer son iPhone.

Mais Steve Jobs avait un problème avec le concept de tablette : il ne savait pas comment le « vendre ». Il  ne parvenait pas à démontrer l’intérêt de ce qui était alors appelé le Safari Pad.

En revanche, il entrevoyait bien mieux comment proposer un appareil tactile destiné à remplacer les téléphones mobiles de l’époque.

Apple s’est donc orienté vers l’iPhone.

Une fois que le public se fût  habitué à l’écran tactile, l’iPad fut finalisé et commercialisé seulement  trois ans plus tard.

L'App Store a été lancé en juillet 2008, avec l'iPhone 3G.

Soixante milliards de dollars générés pour les développeurs depuis son lancement en 2008, dont vingt pour l’année année 2016.

Plus de 2,2 millions d’applications disponibles : L’App Store est une réussite indéniable que la concurrence n’arrive pas encore à égaler en termes de valeur

Mais il faut savoir que le fondateur d’Apple était très réticent au départ à ce que des applications tierces viennent « polluer » son appareil avec des virus ou des logiciels indésirables.

Pour que Steve Jobs change d’avis, il aura  fallu toute l’insistance de Phil Schiller et d’Arthur Levinson : Egalement au board de Google, ils savaient que le magasin applicatif était central à Android.

L’iPhone a failli ne pas s’appeler iPhone

En 2006, la rumeur voulait qu’Apple soit en train de travailler à un téléphone et un nom évident s’imposait : iPhone.

Rien de plus normal : il existait déjà l’iPod ou l’iMac.

Mais la marque était déposée par Cisco.

Après une prise de contact de Steve Jobs, Apple décide finalement de lancer l’iPhone sous ce nom, sans tenir compte du fait qu'il appartenait à Cisco.

Les avocats d’Apple avançaient à l’époque que Cisco n’utilisait pas cette marque et n’en faisait pas suffisamment publicité, impliquant que le dépôt était caduc.

Au lendemain de l’annonce de l’iPhone, Cisco attaquait en justice. Quelque temps plus tard, les deux parties trouvèrent un accord.

Les nouvelles relations tumultueuses  entre Apple et Cisco.

En 2010, iPhone OS devient iOS. Or, cette marque appartenait elle aussi à Cisco.

Mais cette fois, Apple a signé un accord pour l’obtenir !

(1)             Lancé en juin 2007 à la suite du rachat par Google en 2005 de la startup du même nom, le système avait d'abord été conçu pour les smartphones et tablettes tactiles, puis s'est diversifié dans les objets connectés et ordinateurs, télévisions….

En 2015, Android est, face à iOS d'Apple, le système d'exploitation mobile le plus utilisé dans le monde avec plus de 80 % de parts de marché dans les smartphones