Supercalculateurs (1) : Le secteur du HPC (High Performance Computing) est particulièrement bien représenté en France, notamment grâce à Bull, qui a fait de ce domaine l'une de ses spécialités.

Jean-Pierre Hourdeau

News

le 12/03/2015 à 19h50

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Le site Top500.org tient le classement des 500 super -calculateurs les plus performants au monde. La puissance de calcul de ces ordinateurs d'exception est mesurée en pétaflops  (4), c'est-à-dire en millions de milliards d'opérations par seconde. Les cinq premiers français :

Ce secteur du HPC (High Performance Computing) (1) est particulièrement bien représenté en France, notamment grâce à Bull, qui a fait de ce domaine l'une de ses spécialités.

Ce constructeur français, qui appartient aujourd'hui à Atos (2/3), a d'ailleurs fourni trois des cinq machines les plus puissantes de France.

ð Les calculateurs les puissants en France :

 

-         1^er : Pangea (Total): 2,3 pétaflops pour traiter des données sismiques

Inauguré en mars 2013, Pangea, le supercalculateur de Total fourni par SGI, est installé dans le centre scientifique du groupe pétrolier à Pau.

  

Avec ses 2,3 pétaflops, l'infrastructure de calcul Pangea de Total est le supercalculateur le plus puissant de France.

Il pointe actuellement à la 20e place du classement mondial Top500.

Total l'utilise dans le cadre de son exploration, pour traiter des données sismiques, et modéliser des images du sous-sol.

-         2^ème : Le supercalculateur Occigen :

Le supercalculateur Occigen est aussi au service des scientifiques français. Ce système Bull a été acquis par le GENCI, l'année dernière.

Il est installé au CINES (Centre informatique national de l'enseignement supérieur), à Montpellier.

Pleinement opérationnel depuis peu, Occigen réalise des simulations 3D extrêmement complexes, multi-échelles, et multi-physiques.

Sa puissance va notamment s'illustrer dans le domaine du climat, ou de la modélisation du cerveau.

 

L'architecture d'Occigen inclut plus de 200 To de mémoire distribuée. © Bull

3^ème : Le supercalculateur « Curie » :

Conçu par Bull, le système Curie est installé et utilisé par le CEA au TGCC (Très Grand Centre de Calcul), qui se trouve dans les locaux du CEA, à Bruyères-le-Châtel dans l'Essonne.

 

Conçu par Bull, le système Curie est installé et utilisé par le CEA © Bull

Le supercalculateur Curie est accessible aux chercheurs. Il appartient au GENCI (Grand Équipement National de Calcul Intensif), organisme détenu par l'Etat, le CEA, le CNRS et les universités.

Curie a notamment pu exécuter une simulation complète de l'univers dans le cadre du projet DEUS.

Il s'agissait du premier calcul de l'univers entier observable, du « Big Bang » jusqu'à nos jours.

Ce travail a nécessité la simulation de 550 milliards de particules.

 

-         4^ème : Le supercalculateur Turing :

 

 

Le modèle BlueGene Q d'IBM, qui est celui de Turing, mais aussi d'autres supercalculateurs dans le monde. © IBM

Construit par IBM, le supercalculateur « Turing » doit son nom au célèbre mathématicien, considéré comme le père de l'informatique.

Il est installé à Orsay, dans l'Essonne, et plus précisément à l'Idris (4), le centre du CNRS pour le calcul intensif.

Il a été mis au service de l'ensemble des chercheurs français en janvier 2013.

Parmi les applications citées lors de son installation : les prédictions météorologiques, la découverte de nouveaux médicaments, de nouvelles sources d'énergie, le décodage du génome humain...

-         5ème :Le Tera -100 :

 

Le Tera-100 aligne des spécifications hors normes : 4 370 serveurs bullx, 17 480 processeurs Intel Xeon, 140 000 barrettes mémoires pour 300 téraoctets de RAM... © Bull

Cinquième supercalculateur le plus puissant actuellement en France, le Tera-100 a été conçu pour le programme « Simulation » de la direction des applications militaires du CEA.

Ce programme consiste à réaliser des simulations d'essais nucléaires.

Fourni par Bull, le Tera-100 est installé au site du CEA de Bruyères-le-Châtel, dans l'Essonne.

Ce supercalculateur a été le premier en Europe à passer la barre du pétaflops, en novembre 2010.

 

(1)           Les premiers superordinateurs (ou supercalculateurs) apparaissent dans les années 1960.

Control Data Corporation (CDC), est le premier constructeur mondial de superordinateurs à l'époque, jusque dans les années 1970. Par la suite, Cray Research, fondée par Seymour Cray, après son départ de CDC, prend l’avantage sur ses autres concurrents, jusqu’aux alentours de l'année 1990.

Dans les années 1980, à l’image de ce qui s’était produit sur le marché des micro-ordinateurs des années 1970, de nombreuses petites sociétés se lancèrent sur ce marché, mais la plupart vont disparaître  dans le « crash » du marché des superordinateurs, au milieu des années 1990.

Au xx ème  siècle, les superordinateurs sont le plus souvent conçus comme des modèles uniques par des constructeurs informatiques  « traditionnels » comme International Business Machines (IBM), Hewlett-Packard (HP), ou Bull, que ceux –ci  aient derrière eux une longue tradition en la matière (IBM) ou qu’ils aient racheté dans les années 1990 des entreprises spécialisées, alors en difficulté, pour acquérir de l’expérience dans ce domaine.

(2)            Voir article :

SSI : Atos veut se renforcer dans le « Big Data» en rachetant Bull, avec sa forte expertise informatique. - News - publié le 01/06/2014 Atos propose le rachat à hauteur de 4,90 euros par action Bull, avec une prime d'environ 30 %, valorisant ainsi  l'ensemble de la société à 620 millions d'euros.

 

(3)            Atos est l'un des dix plus grands acteurs des Entreprises de Services du Numérique  au niveau mondial avec un chiffre d'affaires annuel de 8,8 milliards d'euros et 76 300 employés dans 52 pays dont la France.

 

L'activité d'Atos s'organise autour de quatre métiers principaux :

-         Le conseil et les services technologiques

-         L'intégration de systèmes

-         L'infogérance

-         Les services transactionnels de haute technologie (HTTS)

Autres entités du groupe :

-         Atos Consulting (anciennement Atos Odyssée) : conseil en organisation et en processus métiers

-         Atos Worldline : solutions de paiement, gestion de la relation client (CRM), e-services, BPO (infogérance)

-         Atos Worldgrid : solutions intelligentes dans le domaine des énergies

 

 

(4)            L'IDRIS : L'Institut du développement et des ressources en informatique scientifique (IDRIS), fondé en novembre 1993, est le centre majeur du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) pour le calcul numérique intensif de très haute performance. Il est installé à Orsay (Essonne) sur le campus de l'université Paris-Sud.

Avec les autres centres nationaux, il participe à la mise en place de ressources informatiques nationales, au service de la communauté scientifique publique, qui nécessitent de gros moyens de calcul intensif.

A la fois centre de ressources informatiques et pôle de compétences en calcul intensif de haute performance, l'IDRIS est une Unité Propre de Service du CNRS, à vocation pluridisciplinaire, placée sous la tutelle de l'Institut des sciences de l'information et de leurs interactions.

Les modalités de fonctionnement de l’IDRIS sont très proches de celles des très grands équipements scientifiques.

La mission essentielle de l'IDRIS est de contribuer à l'accélération de la découverte scientifique par l'utilisation des technologies de l'information. L'IDRIS soutient par tous les moyens dont il dispose les projets de recherche qui nécessitent de très gros moyens de calcul numérique intensif.

L'IDRIS met à la disposition de la communauté scientifique de la recherche publique plusieurs superordinateurs :

-         Turing, IBM Blue Gene/Q : 6 cabinets de 4 096 processeurs de chacun 16 cœurs, soit en tout 98 304 cœurs, 1 gigaoctets de mémoire par cœur, soit environ 96 tébioctets de mémoire globale et 1,258 pétaflops de puissance crête cumulée. Classée 42e au Top500 en novembre 2014.

-         Ada, IBM x3750 : 332 nœuds de 8 processeurs Intel Sandy Bridge quadri-cœurs, soit 32 cœurs par nœud pour une configuration totale de 10 624 cœurs, 46 téraoctets de mémoire globale et 230 téraflops par seconde de puissance crête cumulée.

 

(5)          Voir nos précédents articles, notamment:

BM et Nvidia vont construire pour les États-Unis deux nouveaux supercalculateurs. La concurrence est rude avec la Chine ! - News - publié le 17/11/2014 Le gouvernement américain vient d’accorder  325 millions de dollars à IBM et Nvidia (1) afin qu’ils construisent deux nouveaux supercalculateurs dont la puissance devrait dépasser les 100 pétaflops (2).

Une nouvelle guerre entre la Chine et les USA dans le domaine des super calculateurs : Le Thiane-2 affiche des performances de l’ordre de 38 pétaflops ! - News - publié le 17/06/2013 Connaissez-vous le pétaflop ? Rassurez-vous ce n’est pas un gros mot tiré du dernier album de Titeuf et en vogue dans les écoles primaires! Pour les chinois, non plus, ce n’est pas un « flop »