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Le 20 mars 2015, Orange rachetait la totalité du capital de Cloudwatt (1), un des deux piliers de ce qui devait être le « cloud souverain à la française ».

La prise en mains de Cloudwatt par Orange a mis fin à la tentative de mettre sur pied un cloud souverain français.

En 2009 le Président  Sarkozy entendait doter la France d'une alternative aux services américains « d'informatique dans les nuages », à l'instar d'AWS (Amazon Web Services), Google ou Microsoft.

L’objectif était de mettre à l'abri des puissances étrangères et privées les données sensibles.

Ce projet était devenu encore plus stratégique après les révélations d'Edward Snowden sur les écoutes massives de la NSA.

C’est en 2012 que le projet sera enfin lancé.

Deux sociétés distinctes sont créées,

-         d'un côté Numergy, soutenu par SFR et Bull,

-        de l'autre, Cloudwatt, détenu par Orange et Thales,

La Caisse des dépôts étant actionnaire à hauteur de 33% des deux sociétés.

ð Trois ans après, en 2015, l'échec est patent :

 

-        Numergy est placé en procédure de sauvegarde et racheté à 100% par SFR

-        alors que Cloudwatt est intégré à Orange Business Services, la division professionnelle du groupe.

La fin d’un projet grandiose qui a englouti pour le moins 75 millions d'euros d'argent public.

Un an plus tard la structure juridique qui sous tendait Cloudwatt a disparu le 1er janvier 2016 ; par contre le nom a été conservé et il est désormais réservé à l'offre de cloud public dans le portefeuille d'Orange Cloud for Business.

A noter cependant que l'entité continue à capitaliser sur son image de « cloud souverain » !

Ainsi, pour Philippe Laplane, directeur d'Orange Cloud «Toutes les données sont localisées en France (un data center est basé en Normandie à Val de Reuil, un autre doit prochainement ouvrir en Île-de-France). Nos contrats sont établis sous droit français, transparents et réversibles et non soumis au Patriot Act américain ».

«Nous avions fait le choix de l'open source (via la technologie Openstack) afin de ne pas être liés à un éditeur, le plus souvent américain ».

Convaincre les « clients » qui hébergent des données sensibles.

Et d’abord l'État : En juillet 2015, malgré son désengagement au capital, les pouvoirs publics français confient  à Cloudwatt la gestion de ses services informatiques (ministères et certains établissements publics).

Et Jean-François Colin, directeur marketing et communication d'Orange Cloud for Business d’ajouter même : « Des entreprises américaines viennent même nous confier leur données de santé confidentielles ».

S’appuyant sur la puissance commerciale du groupe, il espère ainsi passer à la vitesse supérieure pour son cloud public. On en attend pas moins :

«Il y a eu un retard à l'allumage, mais c'est le marché français du cloud tout entier qui a mis plus de temps que prévu à décoller ».

En 2014, l'activité n'aurait généré que 2 millions d'euros de recettes.

Il n’est pas possible d'avoir le chiffre actuel, mais Jean-François Colin assure que la demande pour Cloudwatt « connaît une croissance à deux chiffres » et se situe dans la droite ligne du marché.

(1)          Voir :

Atos et Orange partis dans une course au leadership dans le cloud français. En voulant racheter Cloudwatt, Orange défie Atos. - News - publié le 15/01/2015 Avec le rachat de 100% de Cloudwatt, Orange veut se positionner comme le leader du cloud français en défiant Atos qui, lui- même, en rachetant Bull en 2014, a repris pied dans Numergy, l’autre opérateur de cloud souverain.